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Inde: tollé après qu'un ministre demande aux étrangères de ne pas porter de jupe

Dans ce pays où les femmes sont victimes de violences, le ministre du Tourisme indien a demandé aux femmes en visite dans le pays de ne pas porter de jupe et de ne pas marcher seules la nuit dans les villes et villages, pour leur sécurité. Des propos irresponsables, selon les associations.
Article rédigé par Marc Taubert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Les femmes ne doivent pas porter de jupe et sortir seule la nuit dans les petites villes a déclaré le ministre du tourisme indien. Une mesure censée les protéger d'actes de harcèlement ou de viol. Des propos qui ont provoqué un tollé en Inde et dans le monde. (REUTERS / Punit Paranjpe)

 
Une liste «des choses à faire et à ne pas faire» sera distribuée à l’aéroport aux étrangers en visite en Inde. Dans celle-ci, il sera indiqué que les femmes ne doivent pas porter de jupe et doivent éviter de s’aventurer seules la nuit dans les villes.
 
C’est ce qu’a déclaré le ministre du Tourisme indien, Mahesh Sharma, le 28 août 2016, lors de discussions avec des journalistes dans la ville d’Agra, où se trouve le Taj Mahal, site le plus visité du pays.
 
Selon lui, «pour leur propre sécurité, les femmes étrangères et touristes ne devraient pas porter de vêtements courts ou des jupes». Pour le justifier, il a ajouté que «la culture indienne était différente de la culture occidentale».

 
«C’était une déclaration très idiote et pas réfléchie», a ainsi déclaré Ranjana Kumari, directeur du think tank Centre pour la recherche sociale, basé à New Delhi et interrogé par le Guardian. «Le ministre ne réalise pas les conséquences d’une déclaration aussi irresponsable.»
 
Tollé dans le pays et à l’étranger
Face aux critiques, le ministre a tenté de clarifier ses propos. «Je parlais des endroits religieux, comme les temples. Je n’ai pas commenté ce que les femmes doivent ou ne doivent pas porter. Je suis père de deux filles. Je ne peux pas interdire aux femmes de s’habiller comme elles le veulent. Une telle interdiction est inimaginable, mais ce n’est pas un crime d’être précautionneux», a affirmé Mahesh Sharma pour tenter de désamorcer la polémique.
 
Il fait parti du Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou, au pouvoir en Inde. Il était déjà connu pour des propos plus que douteux. En 2015, il disait que «les sorties nocturnes pour les femmes ne font pas partie de la culture indienne» et voulait défendre l’Inde de «l’intrusion de la culture occidentale».
 
Pour Ranjana Kumari, cité par le Guardian, «les problèmes sont les hommes en Inde. Ils soutiennent la misogynie et les comportements sexuels de tous types, les viols et les viols en réunion. Cela aurait été important que le ministre dise comment punir ces auteurs de crimes et d’arrêter cette absurdité des regards lubriques envers les femmes et le fait qu’elles soient suivies. Pourquoi les femmes viendraient en Inde alors que c’est devenu connu que ce n’est pas un pays sûr pour les femmes?»

 
92 femmes violées chaque jour
Les affaires de viols en Inde sont légions et largement médiatisées. La dernière en date a visé une touriste israélienne dans la station climatique et touristique de Manali (nord du pays) en juillet 2016. La femme est montée dans une voiture pensant qu'il s'agissait d'un taxi. Six hommes se trouvaient dans le véhicule, deux l’ont violée.
 
Une jeune femme tient une pancarte où est écrit: «Le viol dans le secteur 5. Pendez le violeur.» La législation a été durcie contre les viols en Inde depuis 2012 après qu'une femme avait été violée en réunion à New Delhi. (Saikat Paul / Pacific Press / SIPA)

Les touristes sont rarement touchées par ce type d’affaire. Cependant, les Indiennes sont particulièrement concernées par les viols. 92 d’entre elles les subissent chaque jour, selon le Bureau des statistiques nationales du crime (NCRB), essentiellement dans les campagnes de ce pays de 1,2 milliard d’habitants. Un chiffre sûrement sous-estimé car certaines hésitent à porter plainte.
 
Egalement problématique, le harcèlement sexuel. Il est généralisé en Inde, puisque 79% des femmes indiennes disent l’avoir subi dans des lieux publics.

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