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Inde: portraits de «wallahs», les petits métiers de rue

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
En Inde, ils sont des millions à travailler dehors : vendeurs ambulants, à la criée, sous le manteau, dans un boui-boui fait de quatre planches en bois…

Les services qu’ils proposent recouvrent toutes les envies, mêmes les plus farfelues ! Pour les interpeller, on les appelle «bhaia» en hindi, ce qui signifie grand frère ou oncle. Une forme de respect qui introduit aussi la demande de service. Leurs salaires sont faibles et leur temps de travail fait souvent plus d’un tour du cadran. Voici les portraits de ces employés - et premiers animateurs - de la rue. 

Jitender Singh, 32 ans, est chauffeur d’autorickshaw depuis 5 mois. Cet ancien peintre a préféré investir dans un rickshaw pour gagner plus d’argent. Un touk-touk coûte entre 2.500 et 6.500 euros ; aujourd’hui, Jitender gagne environ 400 euros par mois. Père de deux enfants, il est la seule source de revenus de la famille. Ses horaires sont loin d’être fixes, et passer la nuit dans son rickshaw n’est pas exclu.  Jitender espère vite pouvoir fuir la pollution et les embouteillages de Delhi pour retourner dans son village natal, en Uttar Pradesh. Là-bas, il voudrait être fermier. (Amanda Jacquel)
L’eau potable est rare en Inde. Ram est l’un des vendeurs d’eau de la capitale.
Il a fait réfrigérer son chariot pour satisfaire ses clients, surtout en été. Tous les jours, il fait le plein d’eau et s’en va la vendre dans les rues de la ville. A moins de deux centimes d’euro (2 roupies) le verre d’eau, Ram rapporte environ 10 euros mensuels. Avec l’aide d’un peu de sucre et de citron, il propose aussi des «freshlime» à 7 roupies (environ 10 centimes d’euro). (Amanda Jacquel)
Umesh se lève tous les jours à l’aube pour préparer ses centaines de «puri», ces petits pains frits, secs et creux. L’en-cas qu’il propose s’appelle «pani-puri», littéralement du pain à l’eau. Dans la cavité du pain, Umesh met des oignons, des pois chiches ou encore des morceaux de pommes de terre. Les pani-puri s’engloutissent un par un, en une seule bouchée. Umesh a 22 ans. Il vend ses plats à 20 roupies (25 centimes d’euro) et gagne environ 50 euros par mois.  (Amanda Jacquel)
 
Mochin Bablu a 45 ans. Sa cordonnerie tient dans une boîte en bois qu’il installe à même le sol. Il répare, cire, vend des lacets depuis 35 ans. Son salaire mensuel avoisine lui aussi les 50 euros par mois.  (Amanda Jacquel)
Le «tchaï», la boisson nationale de l’Inde. Il est bu à toute heure du jour et de la nuit, sur place ou à emporter ! Sushil Kamti fait bouillir son lait, son eau et ses épices depuis 33 ans, de 6h30 à 20h tous les jours. A 43 ans, il gagne environ 50 euros par mois.  (Amanda Jacquel)
Vikaz n’a que 17 ans et travaille comme coiffeur depuis déjà cinq ans. De 8 heures du matin au coucher du soleil, il cisaille les cheveux et rase les barbes de près au «coupe-chou». Se refaire une beauté ne coûte pas bien cher : 25 centimes d’euros la barbe, le double pour les cheveux. (Amanda Jacquel)
Raj Kapoor vient du Rajasthan. Son métier dans la capitale est loin d’être commun pour un Européen: il nettoie les oreilles des passants. Dans son turban rouge, il a coincé le coton qu’il place au bout de sa tige. A 25 centimes la paire d’oreilles, Raj peine à amasser ses 10 euros mensuels.  (Amanda Jacquel)
Darshan Singh est serrurier depuis 30 ans. Il travaille aujourd’hui avec l’un de ses 12 enfants. Originaire de l’Uttar Pradesh, il est venu s’installer à New Delhi il  y a 40 ans. Aujourd’hui, son emplacement est même indiqué par une pancarte. Les clés, il les reproduit à coups de marteau et de lime pour les crans. La gamme de prix est large: de 2 centimes à 65 euros, en fonction du modèle.  (Amanda Jacquel)
Toutes les semaines, Raja, 20 ans, se rend au grand marché de fruits et légumes de New Delhi pour s’approvisionner en noix de coco en provenance de Calcutta ou Bengalore. Raja a arrêté ses études il y a trois mois pour avoir un salaire. Les noix de coco qu’il ouvre à la machette coûtent 40 roupies (environ 50 centimes d’euros).  Elles se boivent ou se mangent. A partir de 10h, il fait le tour du quartier avec son chariot pour aller livrer à domicile. Puis, il s’installe à cet endroit jusqu’à 22h. Ce travail lui rapporte environ 100 euros mensuels. (Amanda Jacquel)
Jagarnath Ral a 35 ans. Il vend des cigarettes depuis 20 ans mais n’est propriétaire de cette échoppe que depuis 6 ans. Lorsqu’on lui demande ce qu’il préférerait faire, il répond en souriant être très satisfait. Avec ses 250 euros mensuels et en travaillant 14 heures par jour, il parvient à payer les études de ses quatre enfants. En Inde, les cigarettes se vendent à l’unité. Et surtout, les «panwallahs» sont réputés pour leurs «pans»: un mélange d’épices et de tabac pliés dans une feuille de bétel et chiqués. Cette mixture laisse souvent des traces rouges sur les gencives et les dents. (Amanda Jacquel)
Daie vient du Rajasthan. Depuis deux ans, tous les matins, il installe ses petits pots de pigments de couleurs, ses casseroles et sort ses pinces à linge. Son métier, c’est de redonner des couleurs aux vêtements passés. Dix minutes à infuser dans l’eau bouillante, quelques cuillères de la couleur souhaitée et le tour est joué! En Inde, ce sont surtout des «dupatta» (ces longues écharpes portées par les femmes) qu’on fait customiser. Daie a une famille de 10 personnes à nourrir. Ce travail lui rapporte environ 40 euros par mois. Mais son  rêve est d’avoir son propre magasin de vêtements avec son frère Raju. (Amanda Jacquel)
Prabathi Lal a 75 ans. Il exerce ce métier depuis 60 ans. Toute sa vie  à repasser pour les habitants de ce quartier résidentiel du sud de la capitale. Tout le monde le connaît. Il est présent tous les jours de 6h du matin à 21h, pour lisser ou plier des chemises et remettre du charbon dans son gros fer en métal. Ce travail lui rapporte environ 110 euros par mois. La chemise est à 6 centimes: ça en fait du repassage ! Il envoie son salaire à sa famille qui vit à près de 300 km de là, au Rajasthan. Tous les ans, dès qu’il le peut, il s’échappe de la vie urbaine pendant deux ou trois mois pour les rejoindre.  (Amanda Jacquel)

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