" Il n'y a pas vraiment eu de panique ! " Après le tremblement de terre japonais, la remarque est unanime
Certes l"inquiétude a été forte mais la population de Tokyo comme celle des autres villes a su faire preuve d"une grande maîtrise d"elle même, y compris au plus fort des secousses.
D"ailleurs les images de télévision en témoignent. Cela ne doit rien au hasard. Dès son enfance, le Japonais est plus que sensibilisé au risque du tremblement de terre.
Régulièrement, dans leurs classes, les petits sont conviés à des exercices de simulation en se précipitant sous les tables, coiffés d"un chapeau molletonné, un peu à la façon de ce qu"on met sur une théière pour la tenir au chaud.
Dans les quartiers des villes japonaises, un curieux véhicule vient prolonger cette pédagogie de la grande catastrophe. Un petit camion équipé à l"arrière d"un large plateau sur lequel on a reconstitué une cuisine avec table, chaises et vaisselier, invite à une expérience singulière. A l"aide d"une mollette, on module l"intensité des vibrations. Les cobayes du moment rient, s"esclaffent mais bien vite adoptent à leur tour le comportement requis. Là encore, se précipiter sous les meubles, craindre les chutes d"objets… Chacun doit vivre physiquement l"événement. Cette fois, c"est à l"échelle des villes que l"éducation se met aussi en œuvre. Chaque année, on organise de vastes exercices d"évacuation des maisons, des immeubles. Par flots entiers, la population envahit les rues, et apprend à réguler sa circulation.
Depuis plus de quarante ans, le Japon peaufine ses techniques de construction antisismique. Ressorts pour amortir les chocs, souplesse des buildings capable d"oscillation en grande ampleur, soins tout particuliers apportés à la construction des centrales nucléaires, etc. Le touriste est lui aussi sensibilisé : en cas de tremblement de terre, réfugiez-vous dans le bloc salle de bain dit le prospectus laissé sur le lit, dans la chambre d"hôtel. Des échanges ont lieu avec les architectes américains de Californie, là où l"on redoute le « Big one ».
Les médias ne sont pas en reste : télévisions et radios sont équipées de dispositifs automatiques. Elles doivent s"allumer par elles-mêmes aux moments critiques de façon à informer au mieux la population sur la conduite à tenir. Car tout est d"ores et déjà quantifié, jusqu"au nombre de morts en fonction de l"épicentre et du point d"impact du possible tsunami. Ainsi dans la préfecture de Shizuoka, des hangars immenses abritent des cuisines roulantes, des embarcations, des couvertures…
Tout l"équipement de premier secours est là, prêt à l"emploi, y compris ce qu"il faut pour « gérer » les victimes. Bien sûr, le pays souhaite ne jamais avoir recours à ce dispositif massif. Pour prévenir le risque, là encore, tout est mis en œuvre : capteurs au large des côtes, observations des poissons chats sensés indiquer l"arrivée de la catastrophe par des mouvements erratiques. Bref, le Japon vit, respire, pense le risque majeur. Il en rit aussi, apprenant à se faire peur comme dans un train fantôme. Godzilla, célèbre monstre japonais, venu des profondeurs à la façon d"un tsunami, n"est autre que la représentation d"un tremblement de terre ravageant tout sur son passage. Aujourd"hui, Godzilla a montré qu"il n"était pas seulement un exutoire.
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