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Hommage à Mandela : Obama vole la vedette, Zuma hué

TEMPS FORTS | Ce devait être un beau moment d'unité nationale. Le stade de Soweto, où la population était invitée à rendre hommage à Mandela, n'était plein qu'à moitié. La faute à la pluie ? Pas sûr - la journée n'était pas chômée... Parmi les différents orateurs qui se sont succédé à la tribune, on retiendra le discours de Barack Obama, précédé d'une poignée de main historique avec Raul Castro. Et les huées lors de l'arrivée et du discours du président Jacob Zuma.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Kevin Lamarque Reuters)

Le stade s'est subitement vidé. Au moment où Jacob Zuma, dernier des chefs d'Etat à prendre la parole, arrivait à la tribune. Manifestement, le stade était occupé par de nombreux opposants. Ceux-ci avaient déjà donné de la voix à l'arrivée du président sud-africain. Pas facile de préserver le beau moment de communion nationale que la présidence souhaitait, en hommage à Nelson Mandela.

La pluie, de bon augure dans la tradition africaine

Il y a d'abord eu la pluie. A verse. Pourtant, rappelle le maître de cérémonie, le vice-président de l'ANC Cyril Ramaposha - possible futur président du pays - "dans la tradition africaine, s'il pleut lors de votre enterrement, c'est que les dieux vous accueillent et que les portes du paradis vous sont ouvertes". Mais alors, pourquoi le gigantesque stade de Soweto n'était-il qu'à moitié plein ? Sans doute parce que cette journée d'hommage n'était pas chômée, et que de nombreux Sud-Africains n'ont pas pu se libérer.

Des huées pour Zuma

Ceux qui se sont déplacés dans l'enceinte ont en tout cas manifesté leur présence - parfois un peu bruyamment, à tel point que Cyril Ramaposha a dû, à plusieurs reprises, leur demander un peu de calme. Surtout quand le président sud-africain, Jacob Zuma, est arrivé dans le stade, et a pris la parole. Les huées se sont envolées. La faute, sans doute, aux nombreux scandales de corruption et de violence policière qui ont éclaboussé récemment son gouvernement.

"Ake Kho o fana naje" , a attaqué Jacob Zuma, "Il n'y a personne comme Madiba, il était unique" , a dit le président en xhosa, la langue de Mandela. "En son honneur, nous nous engageons
à continuer de construire une Nation basée sur les valeurs démocratiques
de dignité humaine et de liberté." 
Tous les orateurs qui se sont succédé à la tribune, famille, amis, petits-enfants, chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, ont souligné la personnalité exceptionnelle du disparu.

 

 

"Il a changé la vie de millions de Sud-Africains, des millions de personnes à travers le monde" , a ainsi dit Andrew Mlangeni, qui a partagé la prison avec lui. "Quand Madiba nous regarde, il est ému de voir cette force fédératrice que nous devons maintenir", a enchaîné  le porte-parole de la famille, le général Thanduxolo Mandela.

"Nelson Mandela nous a montré le chemin, avec un coeur plus grand que ce stade" , selon Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'ONU. "Nous sommes heureux de rendre hommage ici à un homme puissant, un homme fort, qui est à l'origine de cette nation. Une nation arc-en-ciel tout à fait à l'image de la gratitude que je ressens aujourd'hui" .

Poignée de main historique

Très attendu, Barack Obama n'a pas déçu. D'abord parce que le président américain s'est arrêté pour serrer la main... de son homologue cubain, Raul Castro. Une poignée de main historique : les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques avec Cuba depuis 1961 et imposent un embargo depuis 1962. "Un geste d'espoir" , a commenté, quelques heures plus tard, le régime cubain.

Ensuite, parce qu'Obama, premier président noir des Etats-Unis, a su faire vibrer le public. "C'est un honneur d'être avec vous pour célébrer une vie qui ne ressemble à aucune" , a-t-il commencé. "Sa lutte était votre lutte, son triomphe a été votre triomphe" . Clameur immense dans le stade.

Hommage, donc, à un "géant de
l'Histoire"
, ce qui n'a pas empêché Obama de fustiger les "dirigeants
qui se disent solidaires du combat de Mandela pour la liberté, mais ne tolèrent
pas l'opposition de leur propre peuple"
. Allusion à peine voilée à Robert Mugabe, le président du Zimbabwe, ou aux représentants chinois, assis pas très loin...

"La mort de Madiba est un moment de deuil, mais c'est aussi pour nous un moment de réfléchir. Que nous nous demandions : ai-je bien appliqué ses leçons dans ma propre vie ? C'est ce que je me demande moi aussi."  Et de préciser sa pensée : "En Amérique comme en Afrique du Sud, nous ne pouvons oublier que la lutte n'est pas terminée."  La clameur est encore montée d'un cran.

Le Selfie de Barack, David et Helle

Le discours de Barack Obama et sa poignée de main avec Raul Castro ont marqué les esprits, mais le président américain a aussi agité les réseaux sociaux. Il s'est en effet livré, dans les tribunes, à un "selfie" (autoportrait) avec les Premiers ministres danois, Helle Thorning Schmidt, et britannique, David Cameron. Un instant "immortalisé" par un photographe de l'AFP.

 

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