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Syriza va-t-il réveiller la gauche de la gauche aux Européennes?

Le parti de gauche Syriza a réussi le 18 mai une percée lors du premier tour de scrutins locaux organisés dans 325 municipalités et 13 régions en Grèce. Ce résultat de la gauche de la gauche en Grèce donne de l'espoir pour ce parti et ses alliés à la veille des européennes. Ils pourraient gagner une quinzaine de sièges au parlement européen.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Alexis Tsipras et Rena Dourou, du parti Syriza, lors de la campagne électorale en Grèce. Syriza est allié aux autres mouvements de la gauche de la gauche aux Européennes.

Dans la région de l'Attique qui compte trois des dix millions d'électeurs du pays, c'est Rena Dourou, de Syriza, qui arrive en tête pour le poste de préfet avec près de 24% des suffrages. A Athènes, la capitale, le candidat de la gauche de la gauche talonne le maire sortant, soutenu par la gauche traditionnelle. Ces résultats confirment la percée dans les sondages de Syriza (en tête pour les Européennes dans son pays) et la fragilité de la coalition de gouvernement du Premier ministre Antonis Samaras confronté à son premier test électoral depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans.

De quoi réjouir Alexis Tsipras, leader de Syriza, qui voit dans ses chiffres une première victoire à quelques jours des Européennes. Si cette tendance se confirmait, le groupe parlementaire mené par Tsipras au Parlement européen pourrait monter sur la quatrième marche du podium au soir des résultats. Peut-être devant les Verts, les mouvements de la droite extrême n'étant pas encore rassemblés dans un groupe.

«On voit une tendance nouvelle en faveur des partis qui s'opposent au système», selon le politologue John Loulis. «Même si les gens ne font pas encore confiance Syriza, ils sont prêts à essayer. Syriza a tenté de transformer ce scrutin en un référendum sur la politique d'austérité menée par Nouvelle démocratie, le parti de Samaras, et son partenaire de coalition le Pasok (socialiste)». 
 
«Les meilleurs buts sont marqués à la deuxième mi-temps», a commenté le dirigeant de Syriza qui est aussi candidat de la gauche européenne (Syriza en Grèce, Front de gauche en France…) à la tête de  la Commission, lors des Européennes du 25 mai (et jour du deuxième tour des élections locales en Grèce).

Alors que pour ces élections locales, le taux d’abstention a été particulièrement élevé (40%), les résultats montrent un éparpillement des voix dans ce pays qui fonctionnait jusque là sur le mode bi-partisan avec une alternance entre les deux grands partis, qui aujourd'hui gouvernent ensemble. Nouvelle Démocratie au centre droit et Pasok au centre gauche.  En effet, outre la percée de Syriza, les élections locales ont montré que le parti d’extrême droite, Aube Dorée, se maintenait à un haut niveau, malgré les procédures judiciaires menées contre lui. Il a en effet obtenu 16% des voix à Athènes.

Le leader de Syriza Alexis Tsipras entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, lors d'une manifestation à Paris, le 12 avril 2014. (CITIZENSIDE/BERNARD MÉNIGAULT / CITIZENSIDE.COM)

«Un effet domino» aux Européennes ?
Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, les leaders du Front de gauche en France, ont salué le 19 mai la performance de la gauche radicale Syriza au premier tour des élections locales grecques. «Hourra ! Pour la première fois en Europe a craqué la chaîne libérale qui étouffe les peuples, celle de la complicité de la droite et du PS pour appliquer ensemble les politiques d'austérité», a réagi M.Mélenchon, coprésident du PG, dans un communiqué. «A Athènes et sa région, notre Front de Gauche grec passe en tête! Jour historique. L'effet domino peut commencer en Europe», a ajouté l'ex-candidat à l'Elysée. «Les élections européennes peuvent tout accélérer sur le continent», selon Jean-Luc Mélenchon. «J'adresse un salut reconnaissant à mes amis de Syriza et à  Alexis Tsipras.»

Les salutations de Jean-Luc Mélenchon à Alexis Tsipras suffiront-elles à faire décoller le score du Front de gauche? Pas sûr, à en croire les sondages, qui mettent le parti de Jean-Luc Mélenchon au même score que lors des précédentes européennes, en recul par rapport à la présidentielle.

En revanche, les listes de la gauche (de la gauche) européenne pourraient aussi réaliser de bons scores dans les autres pays du Sud, particulièrement touchés par les politiques européennes d'austérité, que ce soit au Portugal, en Espagne et à Chypre. 

Image du futur parlement européen réalisée par le site Pollwatch2014, en fonction des sondages nationaux. Le groupe GUE NGL (en rouge) regroupe des partis comme Syriza ou le Front de gauche. En gris, les non inscrits, essentiellement des eurosceptiques (Front national...). (pollwatch2014)

«L'austérité la plus dure»
En Espagne, l’alliance Izquierda Plural dépasse les 10% et arrive troisième selon les sondages, prenant des voix au PSOE. Au Portugal, ou les socialistes devraient bénéficier de son statut d’opposant, la gauche de la gauche progresse avec ses deux mouvements Coligação Democrática Unitária et Bloco de Esquerda. Dans les pays scandinaves, comme le Danemark ou la Suède, des partis à gauche de la traditionnelle sociale-démocratie progressent plus ou moins.

«La Grèce est le pays que les dirigeants européens ont choisi comme cobaye de l'austérité la plus dure», avait martelé Alexis Tsipras, lors du débat entre les chefs de file des principaux partis européens, jeudi 15 mai. La poursuite de la crise et la personnalisation de la campagne ont donné une image commune à des partis de gauche isolés. Le résultat pourrait payer au Parlement européen. Selon le site Pollwatch2014, qui regroupe les sondages nationaux, le nombre de sièges du groupe GUE pourrait passer de 35 à 52.

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