: Reportage "C'est un paysage de mort" : la région de Makri, au nord de la Grèce, pleure ses oliveraies ravagées par les incendies
Voilà deux semaines qu'un incendie, le plus important sur le territoire européen, ravage le nord-est de la Grèce. Le pays connaît un été meurtri sur le front des incendies, et au début du mois d'août, ce sont les oliveraies de Makri, près d'Alexandropoulis, fierté de la région, qui ont été décimées. Les dégâts sont encore impossibles à chiffrer mais s'annoncent considérables.
Dans la région de Makri, des dizaines de milliers d’oliviers sont parties en fumée en quelques heures et les pompiers pris par d’autres urgences n’ont pu intervenir. Maria Karsikov ne peut contenir son émotion en montrant l’oliveraie fondée par son arrière-grand-père il y a un siècle : "Ce que nous voyons, c'est un paysage de mort. Il n'y a plus de nature. Il ne reste rien... Des oliviers comme celui-ci ont disparu à jamais." Elle se penche sur un cercle de cendres : c'est tout ce qui reste d’un arbre de plus de 500 ans.
Des centaines d'hectares menacés
La région pleure les oliveraies qui faisaient sa fierté. Pavlos Georgiadis est ethnobotaniste et consultant en développement durable : "Makri est entouré par des centaines d'hectares d'anciennes oliveraies. C'est l'un des endroits les plus septentrionaux au monde où l'on trouve des olives. C'est un génotype local et traditionnel. Et comme nous sommes très au nord, c'est l'un des génotypes les mieux adaptés aux conditions climatiques extrêmes."
Les dégâts sont pour l’instant impossibles à chiffrer. Le bilan précis ne pourra être dressé que dans six à huit mois, au printemps, Mais ce qui est sûr c’est qu’il faudra des années avant que les oliviers de Makri ne puissent revivre. Dimitris Adamidis a vu ses 3 000 arbres, étendus sur 11 hectares, ravagés par les flammes : "C’est un désastre incommensurable parce que les oliviers mettent une dizaine d’années avant de se régénérer. Et même après toutes ces années nous retrouverons à peine la moitié de notre niveau de production."
"Nous ne savons vraiment pas encore si nous pourrons faire face à une telle situation et nous en sortir."
Dimitris Adamidisà franceinfo
Il espérait pourtant conquérir les tables européennes et faire connaître l’excellence de l’olive de Makri après des années de travail, d’investissements, anéanties dans les feux de l’été. Aujourd’hui le paysage vert de son enfance se décline en marron et noir, sous un ciel assombri par les fumées des incendies qui dévorent toujours la forêt de Dadia.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.