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Que sait-on d'Aube dorée, le parti néonazi du Parlement grec ?

Des références au Troisième Reich, des patrouilleurs en tee-shirts noirs, des idées ouvertement racistes : portrait de la nouvelle formation parlementaire de Grèce.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un membre du parti néonazi grec Aube dorée assiste à une manifestation au sud de Thessalonique, le 26 avril 2012. (SAKIS MITROLIDIS / AFP)

Séisme politique en Grèce. Vingt-et-un députés d'un parti néonazi ont fait leur entrée au Parlement grec dimanche 6 mai, à l'issue des élections législatives. Cette formation, c'est Aube dorée (Chryssi Avghi), créditée de 8,5% des voix. Elle qui plafonnait à 0,23% aux dernières législatives de 2009 a su tirer profit de la crise qui paralyse le pays. Qui la dirige ? Quelles sont ses idées ? Portrait du parti en quatre éléments. 

1. Nikolaos Michaloliakos, le "Führer" grec

Son nom et son visage étaient jusque-là inconnus. Nikos Michaloliakos, 55 ans, a fondé Aube dorée au début des années 1980, après plusieurs passages en prison, notamment pour violences. Selon France 24, c’est là qu’il a rencontré l’ex-chef de la dictature de la junte des colonels, au pouvoir en Grèce entre 1967 et 1974. Une révélation. A la fin de sa peine, Nikos Michaloliakos s'engage dans l’armée avant d'en être exclu pour "trafic d’armes et d’explosifs au profit d’un groupuscule d’extrême droite". Une nouvelle fois condamné à un an de prison, il fonde Aube dorée à sa sortie. 

En 2010, il remporte un siège au conseil municipal d'Athènes. L'année d'après, il est filmé en train d'y faire le salut nazi, sans doute le geste qui lui a valu le surnom de "Führer", en référence à Adolf Hitler, dans les journaux grecs. 

Dimanche 6 mai au soir, ce quinquagénaire a exulté à l'annonce des résultats. "Vous m’avez insulté, mis de côté, humilié, mais j’ai gagné", a-t-il lancé au cours d'une conférence de presse, à l'encontre des journalistes. Une vidéo de son entrée dans la salle et de son discours circule sur internet. Les journalistes ont été obligés de se lever "en signe de respect" et les protestataires invités à sortir. Images en grec, sous-titrées en anglais : 

2. "Mein Kampf" et croix gammée

Les responsables du parti d'extrême-droite le réfutent : ils ne sont pas néonazis. Pourtant, de nombreux signes font pencher la balance en faveur de ce qualificatif. A commencer par le drapeau noir, affublé d'un sigle très proche de la croix gammée. "C’est une erreur d’interprétation. Notre emblème à nous fait référence à un autre idéogramme de la Grèce antique", se défend Frangiscos Porichis, l’un des candidats du parti, dans Libération

Un membre d'Aube dorée agite le drapeau de son parti, lors de la campagne aux législatives, le 21 avril 2012 à Athènes.   (YANNIS BEHRAKIS / REUTERS)

Installé dans le quartier du port du Pirée à Athènes, le QG d'Aube dorée regorge aussi de références directes au Troisième Reich. L'Express note ainsi qu'"il y a quelques mois, des livres à (sa) gloire et mettant en cause la Shoah étaient proposés à la vente". A l'approche du scrutin, la plupart ont été enlevés. 

Sur le site internet de la formation, des éditions de Mein Kampf et de Carnets de Turner, un roman "vantant une suprématie de la race blanche et décrivant le massacre de Noirs et de juifs", d'après France24, sont disponibles. De quoi faire dire au politologue Jean-Yves Camus, cité par Le Nouvel Observateur, que "le terme néonazi (…) s'impose" pour ce parti.

3. Les tee-shirts noirs en patrouille

Tout au long de la campagne pour les législatives, Aube dorée a parié sur le terrain et les difficultés des Grecs pour se faire élire. Comme l'explique Europe 1 en direct d'Athènes : "Les plus démunis ont désormais le choix entre les bénévoles de l'église orthodoxe ou les militants du parti néonazi". Une Athénienne interrogée par la radio confirme : "On les voit arriver de loin parce qu'ils portent des tee-shirts noirs avec le sigle du parti. Ils apportent des sacs en plastique remplis de boîtes de conserve. (…) Ils ne donnent qu'à nous, aux familles grecques."

Cette occupation du terrain paie. "Quand vous appelez un policier pour déclarer un vol, il ne note même pas votre déposition tant il croule sous les appels. Je préfère demander de l'aide à Aube dorée", explique ainsi Stelios, professeur de lettres de 38 ans, dans le Figaro.  

Des militants du parti Aube dorée fêtent leur entrée au Parlement grec, le 6 mai 2012 à Thessalonique. (SAKIS MITROLIDIS / AFP)

Mais lors de leurs patrouilles de nuit, ceux reconnaissables à leur crâne rasé passent aussi à tabac les "bronzés", comme ils les appellent, avec ou sans papiers. Depuis 2010, les attaques racistes sont de plus en plus nombreuses dans la capitale grecque.

4. "La Grèce appartient aux Grecs"

Le slogan de la formation résume toute l'obsession d'Aube dorée et de ses militants blancs : "La Grèce aux Grecs". Dimanche soir, le leader Nikos Michaloliakos a énoncé sa première mesure : "Tous les immigrés, hors de mon pays !" Et menacé : "L'heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie." Le parti propose ainsi de disperser des mines antipersonnel sur les 200 km de frontière séparant la Grèce de la Turquie, afin de stopper les immigrés. Les cadres de la formation évoquent aussi le retour des miradors, des caméras et des barbelés. 

Aube dorée est également un des partis hostiles au plan d'austérité validé par l'ancienne coalition. Ses sympathisants se disent même prêts à une sortie de la Grèce de la zone euro.

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