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Le tourisme repart en Grèce

Le tourisme va-t-il être la bouée de sauvetage de l’économie grecque en 2013 ? Les premiers chiffres tendent à montrer que le nombre de touristes est en forte hausse cette été. Une aubaine dans un pays en crise profonde où le tourisme pèse au moins 17 % du PIB.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
  (PM)
«La mer a un pays» disait, il y a quelques années, la publicité vantant le tourisme en Grèce. Il semble que le message soit entendu à nouveau. L’association des entreprises grecques de tourisme annonce 10% de touristes étrangers en plus. 

Les professionnels du tourisme tablent sur 17 millions de visiteurs étrangers pour l’année, contre moins de 16 millions l’année dernière (pour une population de 11 millions d'habitants). De son côté, la banque de Grèce évoque une hausse des revenus liés au tourisme encore plus importante et parle d’une hausse du nombre des visiteurs de 24% avant l’été.

Plusieurs explications à cette reprise : la situation sociale dans le pays est plus calme, même si les tensions persistent. La Grèce revient de loin et son image a été écornée par la crise qui touche le pays et l'instabilitée sociale qui en découle. «L'hiver 2012 et les manifestations qu'a connu le pays (contre une nouvelle  série de mesures d'austérité exigées par les bailleurs de fond du pays, ndlr)  avaient fait chuter les réservations pour l'été et l'incertitude née de la  double élection législative de mai-juin n'avait pas arrangé les choses», rappelle Andréas Andréadis, président du SETE (Union des entreprises touristiques grecques). 

Et puis cette année, la Grèce bénéficie d'un contexte concurrentiel favorable : coup d'Etat et émeutes en Egypte, instabilité persistante en Tunisie et révolte en Turquie ont redoré le blason héllène, pourtant considérée comme une destination plus chère. 

Un tableau contrasté
Mais si les endroits mondialement connus comme Rhodes, Mykonos ou Santorin profitent de ce boom touristique, les lieux plus habituellement fréquentés par les familles grecques, fortement touchées par les baisses de revenus et les hausses de taxes, souffrent. Une grande partie du succès du tourisme en Grèce réside en effet dans de petites structures qui irriguent le territoire, contrairement aux grands hôtels choisis par les tours opérateurs internationaux.

«Les petits hôtels, les  chambres chez l'habitant qui ne font pas de publicité sont en difficulté», confirme Andréas Andréadis. 

A Xylocastro, station balnéaire du Péloponèse à deux heures d'Athènes,  Margarita Theodossiou, n'a jamais vu un début de saison si difficile.  Propriétaire d'un petit hôtel, Villa Margarita, elle affirme en tirer à peine  de quoi couvrir les frais fixes. «Il ne nous reste que la fatigue...»,  témoigne-t-elle. Dans un sondage réalisé par l'institut INKA, 73% des Grecs  affirmaient ne pas projeter de vacances cet été, contre 69% l'an dernier. Sur la jolie île de Sykinos dans les populaires Cyclades, les loueurs de chambres étaient inquiets pour août; le mois de vacances tradiitionnels des Grecs. Après un mois de juillet réussi grâce aux étrangers, les réservations par les Grecs se faisaient attendre... Et il n'est pas sur que l'arrivée de Chinois, Indiens ou Sud Américains dans les îles les plus touristiques comblent l'absence des familles grecques.

Mesures fiscales
Pour attirer les étrangers et faire baisser le coût du tourisme, le premier ministre a obtenu de la troïka une baisse de la TVA dès août sur la restauration. Une TVA qui était passé à 23% en 2010 et qui est revenu à 13% le 1er août.

Cette TVA à 23% semblait n'avoir pas rapporté grand chose à l'Etat tant en raison de la baisse de la consommation dans le pays que dans la capacité de certains Grecs à dissimuler leurs revenus : sur un  millier d'hôtels, restaurants, plages des lieux les plus touristiques inspectées entre le 15 juin et le 15 juillet par la brigade criminelle financière, la moitié étaient en infraction fiscale. Dans les îles ultra courues de Rhodes et Santorin, les trois quarts des établissements contrôlés ont été  sanctionnés...

Peu appliquée ou peu déclarée, la TVA à 23% était peu visible sur les factures de restaurant. La baisse de cette taxe risque de n'avoir que peu d'effets, à l'exception sans doute des hôtels reservés par les grands tours opérateurs, obligés de déclarer leurs recettes. A Mykonos , le 1er aout , le journaliste de Géopolis, ne reculant devant aucun sacrifice, n’a pas hésité à constater qu’aucune taverne n’était en train de modifier ses prix ni d’afficher le signe bleu indiquant une modification de la TVA…Le journal Ekathimerini confirmait le 5 août le peu de succès de la mesure... 



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