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Grèce : une présidence de l'Union européenne spartiate, forcément spartiate

Pour la cinquième fois depuis son entrée dans l'Union européenne en 1981, c'est la Grèce qui va assurer la présidence tournante de l'UE pendant six mois, à partir du 1er janvier 2014. Un exercice difficile pour ce pays quasi sous tutelle internationale. Une présidence qui s'annonce spartiate.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les drapeaux européen et grec sur fond de Parthénon à Athènes. (ANDREAS SOLARO / AFP)

«Compte tenu de la situation financière, nous aurons le plus limité des budgets pour la présidence par rapport aux autres pays l'ayant assurée ces dernières années, ce sera une présidence très spartiate.» C'est ce qu'a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Dimitris Kourkoulas. Toutes les réunions «vont se dérouler à Athènes pour éviter les frais de transport et il y aura le moins d'embauches possibles afin de maintenir un coût bas», a ajouté le ministre.

 
Le coût de la présidence ne devrait pas dépasser les 50 millions d’euros, estime Athènes. Une bagatelle si l’on compare à ce qu’avait dépensé Paris pour assurer la présidence européenne en 2008 : 170 millions d’euros

Pour faire face à ses dépenses, la Lituanie, présidente de l'UE jusqu'au 31 décembre 2013, a fait sponsoriser une partie de son budget : voitures, essence... Une certaine logique publiquement assumée.

Présidence sous tutelle
La Grèce compte organiser 14 réunions ministérielles et 120 réunions secondaires lors du premier semestre 2014. Première victime en 2010 de la crise de la dette qui a secoué la zone euro, la Grèce se trouve depuis sous l'assistance financière de l'UE et du Fonds monétaire international (FMI), ayant reçu plus de 240 milliards de prêts pour éviter la faillite. 

La Grèce va présider l’UE tout en menant des négociations serrées avec la troïka, c'est-à-dire le FMI mais aussi la Banque centrale européenne et la Commission de Bruxelles. 
 
Un pays en panne
Voici en quelques chiffres, la situation du pays qui va présider aux destinées des 28 membres de l'UE.

La Grèce a, avec la Roumanie, le taux le plus élevé de pauvres de l’Union européenne à 28 membres : 21,4% de la population vit dorénavant avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté, selon les données Eurostat pour l’année 2012.

Depuis 2009, le PIB s’est contracté de quelque 25% (de 321,8 milliards de dollars en 2009 à 243,3 en 2013). ​La Grèce a vu son PIB reculer pendant six ans (-3,1 en 2009, -4,9 en 2010, -7,1 en 2011, -6,4 en 2012, -4,2 en 2013…). Pour 2014, Athènes promet une reprise de la croissance.

Le pouvoir d’achat a chuté de 37%, le taux de chômage a été multiplié par trois pour atteindre 28% fin 2013.

«Les Grecs ont donné leur sang et tout ce qu'ils avaient, et ils donnent aujourd'hui tout ce qu'ils peuvent pour surmonter la crise. Ce doit être apprécié par l'Europe», a affirmé en octobre 2013 le président grec Karolos Papoulias à la fin d'une parade militaire en commémoration de la résistance grecque au fascisme. «Le peuple grec ne peut rien donner de plus», a-t-il ajouté. Une déclaration qui n'empêche pas la troïka de demander à la Grèce de nouvelles économies ou privatisations. Des débats qui risquent de peser sur la présidence hellène.

La présidence grecque de l'UE va se tenir dans un climat tendu, avec une population exaspérée par les mesures décidées à Bruxelles. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Le programme grec
Dans la suite des deux présidences précédentes (Irlande puis Lituanie), la Grèce s'est fixé des thèmes précis pour sa présidence. Ces thèmes sont la croissance, l'intégration européenne, les migrations et les politiques maritimes. Fort logiquement en raison de la crise économique qui paralyse la Grèce, «le principal objectif est d'équilibrer le calendrier de la consolidation budgétaire», précise Athènes sur son site dédié à sa présidence de l'Europe. Un objectif de dessèrement budgétaire qu'Athènes souhaiterait voir accompagné par un «programme d'investissement européen diversifié».

La règle
La présidence du Conseil de l’Union européenne, appelée aussi présidence de l’Union européenne, est assurée à tour de rôle par chacun des 28 pays de l’Union européenne, selon un système de rotation prédéfini pour une période de 6 mois. L’ordre de rotation, défini à l’unanimité par le Conseil de l'UE, repose sur le principe d’une alternance entre les «grands» et les «petits» Etats membres. Les changements de présidence ont lieu au 1er janvier et au 1er juillet de chaque année.
 
Suite à l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne est doublée d'une présidence stable du Conseil européen. Celle-ci est assurée par le Belge Herman Van Rompuy.
 
Le Conseil de l'Union européenne réunit, sur des sujets spécifiques, les ministres des Etats membres. Sa présidence tournante décide de l'agenda politique et préside les débats entre les ministres : ministres de l'Economie, ministres de l'Intérieur... 

Une exception doit cependant être notée : les réunions des ministres des Affaires étrangères seront présidées par l'Irlandaise Catherine Ashton, Haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité.
 
Pour plus d'efficacité, les présidences tournantes se regroupent par trois pour définir leurs priorités. En  2013, la présidence du Conseil de l’UE a été assurée par l'Irlande puis la Lituanie, avant la Grèce. Ces trois pays ont ciblé comme objectifs principaux le retour de la croissance économique, l'amélioration de la compétitivité et la lutte contre le chômage en Europe… un joli projet pour la nouvelle présidence tournante grecque qui vient de connaître six années de récession et qui affiche un taux de chômage record…

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