Grèce : après l'Europe, Tsipras devra convaincre les frondeurs de son camp
Alors que les négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers se poursuivent à Bruxelles, le Premier ministre, Alexis Tsipras, se retrouve confronté à une majorité divisée dont l'approbation sera nécessaire à tout accord.
Une nouvelle réunion décisive a lieu, mercredi 24 juin au soir, entre les ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, qui doivent évaluer les nouvelles propositions soumises lundi par Athènes à ses créanciers. Auparavant, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, rencontrera le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, celui de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.
Tous espèrent un accord qui évitera au pays un défaut de paiement fin juin. Le déblocage de prêts est en effet nécessaire pour que la Grèce honore un remboursement de quelque 1,5 milliard d'euros au FMI. Mais même en cas d'accord, le pays ne sera pas sorti d'affaire : il restera au Premier ministre grec à convaincre sa majorité d'approuver le texte au Parlement, avant la fin du mois. Et c'est loin d'être gagné.
Tsipras met sa démission dans la balance
Alexis Tsipras a en effet décidé d'engager sa propre responsabilité au Parlement. "Si l'accord n'a pas l'approbation des députés de la majorité gouvernementale, le gouvernement ne peut pas rester", a-t-il fait savoir, mardi 23 juin, par la voix du porte-parole du gouvernement, tout en appelant à la "responsabilité individuelle" des parlementaires. Or sa majorité est ténue : son camp compte 149 députés sur 300, auxquels il faut ajouter ses alliés de l'Anel, le parti de la droite souverainiste des Grecs indépendants, représenté par 13 députés.
En outre, Alexis Tsipras est contesté au sein de son propre camp. Même si plusieurs ministres ont volé à son secours, qualifiant, comme le ministre de la Réforme administrative, Georgios Katrougalos, un éventuel accord de "mal nécessaire", certains députés de Syriza semblent prêts à une confrontation et estiment que le chef du gouvernement a trahi ses promesses. Or, même si un accord pourrait être validé au Parlement avec les voix de l'opposition, Alexis Tsipras a besoin que sa majorité soit derrière lui : s'il n'y parvient pas, il risque de ne plus pouvoir gouverner et de devoir reconvoquer les électeurs, selon certains analystes cités par Le Figaro.
Des mesures jugées contraires aux promesses de Syriza
Des "frondeurs" du parti au pouvoir dénoncent les nouveaux sacrifices demandés à la population, en contradiction avec le programme électoral de Syriza qui promettait de mettre fin aux politiques d'austérité. Ils reprochent notamment au chef du gouvernement les trop grandes concessions accordées lors du sommet extraordinaire du 22 juin, où Athènes a présenté aux chefs d'Etat et de gouvernement des pays de la zone euro de nouvelles propositions.
Pour atteindre les 8 milliards d'euros d'économies promis en 2015 et 2016, le Premier ministre grec a en effet présenté un véritable choc fiscal d'une vingtaine de mesures. Parmi les plus contestées par l'aile gauche de son parti, l'augmentation de la TVA, le recul progressif de l'âge de la retraite, la suppression du régime de préretraites ou la hausse des cotisations.
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