A vendre : îles, vieux palais et boîtes publiques, s'adresser à l'Etat grec
Athènes vient de relancer son programme de privatisation. Objectif : trouver 50 milliards d'euros d'ici à 2020 pour redresser les comptes publics.
GRECE - L'Etat grec commence à vendre ses bijoux de famille. Mercredi 19 septembre 2012, la presse a publié une liste des biens appartenant à la Grèce qui seraient à vendre. Parmi eux, un consulat à Londres, situé dans un ancien bâtiment victorien, plusieurs bâtiments officiels, à Belgrade, Bruxelles, Rome et Nicosie, ainsi qu'un ancien palais royal situé aux alentours d'Athènes. Et pas moins de 47 îles grecques. Objectif : renflouer les caisses de l'Etat, rapporte le quotidien britannique The Guardian (article en anglais).
Un député allemand, Josef Schlarmann, avait déjà préconisé la vente du patrimoine hellénique en 2010 : "la Grèce possède des bâtiments, des entreprises et des îles inhabitées, qui pourraient tous être utilisés pour résorber la dette", avait-il argumenté, rappelle Le Figaro.fr. La proposition, qui semblait autrefois irréaliste, ne prête plus à rire aujourd'hui. D'ici à 2020, par le biais du programme de privatisation, le pays doit trouver 50 milliards d'euros.
Quand la crise ne frappe plus à la porte, mais est déjà bien installée dans la maison, que peut-on vendre ? Voici un guide des privatisations préparé par FTVi.
Les îles
La Grèce compte plus de 6 000 îles, dont seulement 227 sont habitées. Une mine d'or, ou d'euros, si l'on en croit le site internet Private Islands on line, qui propose d'acheter des îles privées depuis le fond de son canapé. Plusieurs îles grecques figurent déjà au catalogue : Kardiotissa, Nafsika ou Modi, à saisir pour quelques millions d'euros (Modi étant la moins chère : 1,5 million d'euro). Mais il s'agit pour le moment d'îles privées, qui n'appartiennent pas à l'Etat grec.
Or, quand le Premier ministre, Antonis Samaras, a déclaré, dans Le Monde (article payant) du 23 août 2012 qu'il était "prêt à céder des îlots inhabités", il parlait d'une location à long terme, cinquante ans au maximum. Via ces baux, il espère ainsi développer l'exploitation commerciale et touristique de ces sites. Autrement dit, les nouveaux propriétaires seront plutôt des locataires qui, en plus, ne seront pas forcément seuls sur leurs plages : selon la loi grecque, comme pour la loi française, une bande littorale doit rester accessible à tous.
L'air marin n'a pas le monopole du carnet de chèques. Même si l'Autriche n'est pas un des pays les plus touchés par la crise, le maire d'une commune du Tyrol a décidé, en 2011, de mettre en vente deux sommets montagneux, selon Le Point.fr. Et ce pour la modeste somme de 121 000 euros.
Les infrastructures
C'est un des symboles de la Grèce. Le port du Pirée a été immortalisé dans le film Jamais le dimanche (1960), de Jules Dassin, par l'actrice grecque Melina Mercouri, qui y incarne une prostituée libre et indépendante. Au-delà du cinéma, il est surtout l'un des points névralgiques de l'économie grecque, et le premier port du pays.
En 2008, China Ocean Shipping Company (Cosco) a débarqué sur les quais. En achetant la concession de l'embarcadère numéro 2 du Pirée pour une durée de trente-cinq ans, le groupe chinois voulait en faire sa tête de pont en Europe. Il pourrait bientôt en posséder 75%.
Et ce n'est pas tout. Le 16 juin 2011, L'Express.fr a dressé une liste des entreprises publiques grecques qui devraient être privatisées avant 2013. Sur la liste figurent l'ancien aéroport d'Athènes (Hellinikon), la loterie publique, les paris sportifs (Opap), la société de distribution et de gestion du gaz naturel, un bâtiment (l'IBC) qui accueillait la presse lors des Jeux olympiques de 2004, la société des chemins de fer.
Pour pouvoir conclure ces privatisations, la Grèce devra modifier ou abolir des dispositions législatives qui obligent l'Etat à conserver une participation minimale dans certaines entreprises. C'est le cas notamment dans la compagnie de l'électricité DEH ou dans le groupe du raffinage pétrolier Hellenic Petroleum.
Les monuments historiques
Les professionnels du cinéma vont aussi devoir sortir le carnet de chèques pour tourner sur l'Acropole. Depuis le janvier 2012, le ministère de la Culture a décidé d'autoriser l'exploitation commerciale du site antique. Pour un jour de tournage professionnel, l'Etat empoche désormais 1 600 euros.
Cette décision s'inscrit dans une série de dispositions visant à "faciliter" l'accès au patrimoine du pays et à recruter des sponsors qui aideront à financer les travaux nécessaires à la conservation des monuments. La pratique est déjà monnaie courante en Italie, où des palais vénitiens et le Dôme de Milan sont devenus des supports pour affiches publicitaires, lesquelles permettent de payer leur restauration.
On n'en est pas encore arrivé à la vente des monuments historiques, mais une étude (en italien) sur la valeur des plus fameux monuments européens existe. Basée sur des critères comme "la valeur touristique" de l'endroit ou "l'affluence de touristes étrangers", l'estimation place la tour Eiffel en première position. Si jamais la France opte pour une privatisation de ses monuments historiques, la Dame de fer lui rapporterait 434 milliards d'euros.
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