Gilles Peress, le photographe qui réfléchit à la photo
Après des études de philosophie et Science Po, Gilles Peress, né en 1946, débute dans la profession de photographe, en 1970, par un reportage sur une grève dans un village minier du nord de la France.
En 1971, il rejoint l’agence Magnum qu’il dirigera ensuite à plusieurs reprises. Son travail le conduit sur de nombreux théâtres de guerre : Bosnie, Rwanda, Afghanistan. Ses photos, publiées dans les grands magazines internationaux (New York Times, Life, Geo, Stern, New Yorker…) rejoignent également les cimaises de musées prestigieux américains, comme le Museum of Modern art (MoMA), le Getty Museum, ou le Muséum d’Art Moderne à Paris, le Sprengel Museum à Hanovre…
Dès 1984, il énonce dans son ouvrage Relex Persan (éditions Contrejour), le principe qui régit sa manière de photographier. Il ne construit pas d’histoire mais enregistre, tel un sismographe, rencontres, perceptions et émotions. Ce livre deviendra un des livres préférés de plusieurs générations d’étudiants de la discipline. Il enseigne d’autre part les Droits Humains et Photographie au Bard College, à New York.
La photographie combat pour les droits humains
UCtelevision, le 12 juin 2008
Vivant à Brooklyn avec sa famille, il n’a qu’un court trajet à faire le 11 septembre 2001 pour se trouver en bas des Twins Towers. Il travaille comme à son habitude au milieu des gens qui courent désemparés.
Avec un galeriste, il conçoit alors le projet d’un livre sur la tragédie Here is New-York, rassemblant plus de mille clichés de professionnels et d’amateurs.
Cet esprit humaniste s’est lancé depuis de longues années dans un grand projet documentaire sur l’intolérance et le renouveau des nationalismes Hate Thy Brother (Hais ton frère), nourri à l'origine par un reportage sur le Bloody Sunday, en Ulster, en 1972.
Depuis ses débuts, Gilles Peress questionne la photographie. Pour lui, elle est reliée à d’autres arts et sciences : littérature, cinéma, sociologie, anthropologie.
Il explique ne pas se sentir «photographe de guerre» ou «photojournaliste». «Tout ce que nous faisons, dans la profession, doit être mis en rapport avec les grands bouleversements technologiques et politiques », dit-il.
Ce théoricien de la photo affiche une autre certitude : «alors que dans le discours habituel, il n’y a qu’un auteur, dans mon monde, il y a une multiplicité d’acteurs : le photographe, l’appareil photo (chaque appareil a une voix distincte), la réalité et le lecteur ». Si le lecteur fait ainsi une partie du travail, il n'est plus le sujet passif «d’un photographe souverain».
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