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Gaza : de Cantona à l'UMP, la position française critiquée

Entre manifestations propalestiniennes interdites et condamnation de bombardements israéliens, la position diplomatique de la France dans le conflit entre Israël et Gaza est contestée, à droite, comme à gauche.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (François Hollande à l'Elysée, le 23 juillet © MAXPPP)

"Monsieur le Président, cher François Hollande, si cela n'est pas encore fait, je vous invite vivement, expressément, à lire la lettre d'Edwy Plenel sur le site Mediapart qui vous est adressée ."

Dans une vidéo amateur de quarante secondes, l'ancien footballeur réputé pour ses sorties tonitruantes Eric Cantona invite François Hollande à prendre connaissance de la lettre ouverte dans laquelle le journaliste critique la position française sur la situation à Gaza, et "l'injustice durable faite aux Palestiniens, par le déni de leur droit à vivre librement dans un état normal, aux frontières sûres et reconnues ".

Le conseil de lecture du footballeur au président restera peut-être lettre morte mais il  vient  s'ajouter aux nombreuses voix qui dans les rangs politiques, de droite comme de gauche, critiquent la position française à l'égard d'Israël, engagée dans des opérations militaires contre la bande de Gaza.

Dans un premier communiqué du 9 juillet, soit le lendemain du début de l'opération "Bordure protectrice", l'Elysée a d'abord écrit qu'il "appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces". Une position critiquée par Europe-Ecologie-Les Verts, pour qui "la violence armée ne saurait être une réponse efficace", et qui estime qu'un tel point de vue "justifie par avance toutes les opérations militaires" sur Gaza, au nom de la lutte contre le terrorisme.

L'UMP, restée discrète, s'est surtout fait entendre lorsqu'il s'agissait de soutenir la majorité quand une manifestation en soutien à la Palestine était interdite, ou de la critiquer lorsqu'une autre était autorisée. Ces débats sur les manifestations ont également donné l'occasion à Jean-Luc Mélenchon d'exprimer sa position. "Le gouvernement a fait tant de maladresses que je me dis que c'est un calcul ", déclarait-il sur RTL le 23 juillet, l'accusant de "préparer une absurde montée en puissance du lepénisme ". Du côté du Front national, la position est assez simple, la France n'a pas à prendre position dans un "conflit étranger", selon Florian Philippot.

Les socialistes pour un retour aux fondamentaux

Certaines attaques, comme celle d'une école, qui a fait 16 morts palestiniens, a bien été condamnée par François Hollande. Mais la première prise de parti en faveur d'Israël (ainsi que le choix d'interdire certaines manifestations) n'ont pas été au goût de tous au sein de la majorité.  "La position a surpris un nombre important de socialistes ", selon Yann Galut, député socialiste du Cher et membre du courant de la Gauche forte. Il regrette que le président ne suive pas "les positions plus équilibrées " de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Dans une lettre publiée par Le Point , des militants et des élus locaux socialistes critiquent également le soutien apporté à Benjamin Netanyahu, et une position " en contradiction totale avec la ligne diplomatique française depuis quarante ans" . "On a semblé donner carte blanche à l'oppresseur ", déclare Alexis Bachelay, député socialiste des Hauts-de-Seine au Figaro . Sur Twitter, le député de Paris Pascal Cherki publie un communiqué de 2009 dans lequel de PS condamnait une intervention militaire à Gaza.

 

Depuis le début de l'opération bordure protectrice le 8 juillet, plus de 1.370 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des civils, et près de 8.000 ont été blessés, selon les secours locaux. L'armée israélienne a elle perdu 56 de ses soldats.

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