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Faute d'abeilles, des milliards de dollars perdus?
En Chine, dans certaines régions, l’homme a remplacé les abeilles pour assurer la pollinisation de certaines plantes. Dans le Sichuan, notamment, on les appelle les hommes-abeilles et ils mettent 30 minutes environ pour polliniser toutes les fleurs d'un arbre fruitier. Cette disparition des abeilles, souvent due à l’usage de pesticides, a un coût et pourrait menacer certaines récoltes vitales.
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Les insectes pollinisateurs, dont les abeilles, participent à l’équilibre des écosystèmes et leur disparition pourrait avoir des répercussions pour les êtres humains. Il existe plus de 20.000 espèces de pollinisateurs, qu'ils soient sauvages comme les papillons ou les bourdons, ou domestiques, comme l'abeille d'Europe (Apis mellifera) qui fabrique du miel.
1,4 milliard de personnes et 5 à 8% de la production agricole mondiale, ce qui représente entre 235 et 577 milliards de dollars, sont directement dépendants de l'action de ces pollinisateurs. Les Nations Unies ont chiffré à plus de 150 milliards d'euros ce service rendu par les abeilles, l’équivalent de l'économie de la République Tchèque. Adapté à la France, ce «service rendu» se chiffre à près de trois milliards d'euros, selon le ministère de l'Environnement.
«La sécurité alimentaire et les emplois dans le monde sont en danger, à moins d'une action rapide pour mettre un terme au déclin des pollinisateurs», préviennent les chercheurs de l'Université de Reading (Royaume-Uni) qui ont contribué à un rapport publié par la revue Nature. Le déclin des abeilles, des papillons ou des oiseaux, essentiels à la pollinisation des cultures, menace une partie de la production agricole mondiale, avaient déjà prévenu en février 2016 des scientifiques chargés par l'ONU d'évaluer le recul de la biodiversité.
«Un nombre croissant de pollinisateurs sont menacés d'extinction, au niveau mondial, par plusieurs facteurs, dont nombre sont dus à l'homme, ce qui met en danger les moyens d'existence de millions de personnes et des centaines de milliards de dollars de production agricole», estimait ce groupe d'experts internationaux. «La perte de pollinisateurs pourrait susciter une recrudescence substantielle de maladies», générant environ 1,4 million de décès supplémentaires chaque année», ajoutaient-ils.
Les cultures et plantes domestiques ne sont pas les seules à dépendre des insectes. Les plantes sauvages ne sont pas en reste. Plus de 90% des plantes à fleurs tropicales dépendent d'une pollinisation animale.
Si la plupart des pollinisateurs sont des insectes, ce groupe inclut aussi certains oiseaux, chauve-souris et lézards. Or, parmi ces vertébrés, près d'un sur cinq est menacé d'extinction. Quelque 9% des abeilles (20.000 espèces, chargées de polliniser plus de 90% des grandes cultures mondiales) sont dans la même situation. Idem pour les papillons. Ce taux de 9% pourrait cependant être bien plus élevé, vu le manque de données concernant de nombreuses espèces.
Les abeilles sont frappées depuis des années, notamment en Europe et en Amérique du Nord, par un effondrement de leurs colonies, attribué aux pesticides mais aussi parfois à un virus ou à des champignons, voire à un ensemble de facteurs.
Une étude francaise montre que melons, pastèques, kiwis et cucurbitacées (potirons, courges, etc.) sont par exemple dépendants de la pollinisation à 90%, lorsque pommes, cerises et concombres le sont à 65%. Le taux de dépendance tombe à 25% pour les aubergines, le tournesol ou les fraises et à 5% pour les oranges et les tomates. Les céréales ne sont pas dépendantes de la pollinisation.
Si le phénomène s'aggrave sans doute, il n'est pas nouveau. En 2014, Le Monde publiait déjà un article sur la pollinisation à la main des paysans chinois.
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