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«Zéro frontalier», le Mouvement Citoyens Genevois ne veut pas de «racailles»

«Zéro frontalier», le slogan sonne comme une menace. Un avertissement pour celles et ceux qui traversent chaque jour la frontière pour aller travailler en Suisse. Une campagne populiste du Mouvement Citoyens Genevois (MCG), bien décidé à surfer sur le rejet de l’autre avant les élections municipales du 19 avril 2015.
Article rédigé par Géopolis FTV
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
La presse évoque «une nouvelle provocation» du MCG... (Capture d'écran France 3)
C'est à Onex, commune suisse du Canton de Genève, que l'affaire du label anti-frontaliers a pris de l’ampleur avec une campagne d'affichage: «Onex ville de progrès: commune zéro frontalier». Et même si la municipalité a condamné cette opération dans un communiqué, le mal est fait.

L'affiche polémique sur le label «zéro frontalier» à Onex. (Capture d'écran France 3)

Provocateur avant tout, le leader du Mouvement Citoyens Genevois, le député suisse Eric Stauffer, a déposé un projet de loi pour créer un label qui vise à mettre en valeur les entreprises helvètes qui n'emploient que des travailleurs du cru. Une démarche qui s’inscrit dans un contexte de campagne électorale nauséabonde. Car comme à chaque fois avec ce type d’affaires, les préoccupations électoralistes ne sont jamais loin.


Le Mouvement Citoyens Genevois est habitué à ce type de provocation. Il en a même fait son fond de commerce. Ce parti politique du Canton de Genève est régionaliste et populiste. Il se défend officiellement de toute xénophobie, prétextant une simple «priorité» donnée aux Genevois. 
 
La préférence cantonale 
Instaurer une préférence cantonale pour le recrutement dans l’administration est l’une des premières préoccupations du MCG. Depuis sa création, le parti dit s’inquiéter de l’afflux massif de frontaliers qui aurait totalement déséquilibré le marché de l’emploi helvète à cause des accords bilatéraux avec l’Europe. 

Préférence cantonale ou nationale ?
«Onex, commune zéro frontalier»? Pas tout fait, reconnaît lui-même Eric Stauffer dans une interview accordée au quotidien suisse Le Temps : la commune emploie 16 «pendulaires» – c’est-à-dire des Genevois qui vivent de l’autre côté de la frontière – et un frontalier au sens de l’Office fédéral de la statistique. A y regarder de plus près, c’est donc bien aux étrangers que le MCG entend s’attaquer «car un Suisse frontalier reste un Suisse».

Des «racailles» venues de l'autre côté de la frontière
«Racailles», «éradication du phénomène», «identification des frontaliers» : le vocabulaire fait froid dans le dos. Après la publicité du parti UDC (droite nationaliste) dans le journal la Tribune de Genève qui traitait les frontaliers de «racailles», d’autres partis se sont mis à faire campagne sur le dos des frontaliers parmi lesquels le MCG.

Jean-François Besson, directeur du Groupement transfrontalier européen (GTE) s'inquiète de cette dérive qui rappelle des heures sombres en Europe. De son côté, Carole-Anne Kast, présidente du Parti Socialiste Genevois n'hésite pas à parler de «honte». Le MCG a lui réussi son pari : faire parler de lui. Mais certaines voix s’élèvent parmi les citoyens.

300 personnes se sont rassemblées pour manifester contre les propos racistes de l’UDC et du MCG. Genève, Octobre 2009.
  (PhotoPQR/Le Dauphiné Libéré/Gregory Yetchmeniza )

La contre-attaque : indigné par le label «Zéro Frontalier», un libraire genevois lance le «Zéro MCG»
Le patron de la librairie-café Les Recyclables, Frederik Sjollema, a décidé de répondre à cette campagne d’affichage dans les rues d’Onex. Il s’étonne du manque de réactions et a répliqué en apposant sa propre affiche détournée sur la devanture de son magasin. Il confie à nos confrères du quotidien Le Temps : «Il y a cinq ou dix ans, ce genre de visuel aurait suscité un tollé. Aujourd’hui, personne ne semble s’en offusquer.»

Le label anti-frontalier
Pure communication politique ou véritable programme, le label anti-frontaliers n’est pas l’apanage du MCG, ni même du canton de Genève. Au Tessin, le maire PLR (droite libérale) de la petite commune de Claro a mis à disposition des entreprises, depuis le début du mois de février, un autocollant dans le même esprit : «Nous employons du personnel résident». L’autocollant permet au commerçant d’indiquer à sa clientèle le pourcentage de personnel «indigène» qu’il emploie, sur une échelle de 20 à 100%. Une idée que l’édile justifie sans peine. Pour lui, il s’agit de sauvegarder l’emploi et de nombreux habitants sont prêts à payer quelques francs de plus pour avoir l’assurance que l’argent alimente l’économie suisse et non celle des pays voisins. 

Les effets sur l'emploi 
Dans une interview accordée à la Tribune de Genève, Maria Bernasconi, conseillère nationale socialiste l'assure : l’effet sur le taux de chômage est nul dans les entreprises subventionnées par l'Etat, où la préférence cantonale est expérimentée. Raison pour laquelle le canton de Vaud a renoncé à une telle directive. Selon elle, «l’UDC et le MCG sont les champions des solutions simplistes, voire simplettes (…). Dans les faits, c’est la sempiternelle méthode du MCG et de l’UDC consistant à désigner des boucs-émissaires plutôt qu’à chercher de vraies solutions qui constitue un problème. Avec 4%, la "déferlante" de travailleuses et travailleurs étrangers à la Confédération perd de sa superbe… Et n’oublions pas que si la Suisse recrute à l’étranger, c’est parce qu’elle ne trouve pas sur son sol les spécialistes dont elle a besoin.»

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