Willem-Alexander, le prince fêtard devenu roi des Pays-Bas
Pendant longtemps, les Néerlandais ont douté de la capacité à régner de cet amateur de bière et de montres de luxe.
Vous pouvez l'appeler Alex, cela ne le dérange pas. Willem-Alexander est devenu roi des Pays-Bas, mardi 30 avril, après l'abdication de sa mère Beatrix. Après trente-trois ans de règne, elle passe la main à ce quadragénaire décontracté, longtemps considéré comme incapable de diriger le royaume. Que sait-on de celui qui est devenu le plus jeune souverain d'Europe ?
Un fêtard assagi
Willem-Alexander Claus George Ferdinand, prince d'Orange, est un enfant turbulent devenu étudiant fêtard, avant d'être un roi acclamé par la foule. A 46 ans, cette réputation le poursuit. Ces derniers jours, les médias néerlandais ont rappelé ses frasques d'enfant qui ne supportait pas d'être en permanence sous les projecteurs. En vacances en Autriche, il jetait des boules de neige aux journalistes. Plus tard, il leur demandait de "foutre le camp" après une séance de photos.
Adolescent difficile, il est envoyé dans un lycée privé du Pays de Galles. Loin de sa famille, il cultive une image de gai luron, assure que le trône ne l'intéresse pas et préfère faire la fête. Après son service militaire dans la marine, Willem-Alexander décroche le surnom de "Prince Pils", en référence aux litres de bière qu'il ingurgite dans les soirées étudiantes, à l'université de Leiden (ouest des Pays-Bas). Des études d'histoires qui prennent plus de temps que la normale et lui valent une réputation de prince fainéant, voire simplet, raconte l'hebdomadaire allemand Der Spiegel (en anglais).
Diplômé en 1993, le prince héritier se prépare à la fonction royale en servant dans les différents corps d'armée. Il devient pilote de chasse. Le changement s'opère. Comme son père, il s'intéresse à la gestion de l'eau et est nommé, en 2006, président du Conseil consultatif sur l'eau du secrétaire général des Nations unies.
Un mariage controversé
Willem-Alexander rencontre sa future épouse lors d'un voyage à Séville, en Espagne. L'Argentine Maxima Zorreguieta travaille alors pour la Deutsche Bank à New York. Elle est la fille d'un ancien ministre de l'Agriculture de la dictature argentine, ce qui déplaît fort dans le royaume des Pays-Bas. Pour défendre sa fiancée, Willem-Alexander s'attire même les foudres de son peuple en citant le dictateur argentin Jorge Videla, selon Der Spiegel. Le père de la mariée n'est pas autorisé à assister à l'union de Maxima et Willem-Alexander, ce qui éteint la polémique.
Un train de vie critiqué
Même si Willem Alexander est perçu comme plus proche du peuple que la reine Beatrix, le train de vie du couple a parfois été vivement critiqué. Les Néerlandais n'apprécient pas le goût du futur roi pour les montres de luxe, et les époux sont parfois décrits comme flambeurs. En 2009, ils revendent une luxueuse maison de vacances en construction au Mozambique, sous la pression d'une opinion hostile, en raison de l'extrême pauvreté du pays. "Tout le monde fait des erreurs", s'excuse alors le prince d'Orange.
En 2012, nouvelle gaffe : lors de la fête de la Reine, il participe au traditionnel jeu du lancer de cuvettes de toilettes orange. "J’ai honte en pensant aux 2,6 milliards de personnes qui ne disposent pas de ces infrastructures de base", s’excuse-t-il.
Mais une famille populaire
Maxima est aussi décontractée que son époux. "Charme, intelligence, élégance raffinée"… Le spécialiste des têtes couronnées, Stéphane Bern, décrit la nouvelle reine des Pays-Bas comme "très populaire", dans Le Figaro. Pour Le Point, elle est "spontanée, coquette, bosseuse". Son influence sur la popularité du roi est remarquable : 69% des Néerlandais interrogés affirment avoir confiance en Willem-Alexander. Mais pour 48% des sondés, les sentiments à son égard sont devenus plus positifs après une interview télévisée avec Maxima, diffusée deux semaines avant l'intronisation.
Désormais, il donne l'impression d'être un héritier cool et veut être un "monarque du XXIe siècle". Il n'est pas à cheval sur le protocole et accepte que ses sujets l'appellent "Alex", moins pompeux que "Sa Majesté".
Ses trois petites filles sont aussi un véritable atout : la princesse héritière Catharina-Amalia, 9 ans, Alexia, 7 ans, et Ariane, 6 ans. Elles forment ainsi "le triple A de Hollande", ou bien la "A-Team" (titre original de L'Agence tous risques) du Royaume.
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