: Vidéo Transport maritime : un pavillon de complaisance "made in France" ?
Avec ses cargos chargés de marchandises, le secteur engrange des bénéfices records... mais à quel prix pour ses salariés ? "Complément d'enquête" a découvert des conditions de travail et de salaire parfois indignes chez des armateurs "low cost". Les grandes compagnies européennes ont-elles des pratiques plus responsables ? Qu'en est-il du fleuron national du transport maritime, la CMA CGM ? Extrait d'un document à voir le 7 avril 2022.
En 2021, en pleine pandémie, ce secteur extrêmement influent, auquel s'intéresse "Complément d'enquête" le 7 avril 2022, a multiplié ses bénéfices par six : ils représentent plus de 130 milliards d'euros. Neuf groupes ultra-puissants se partagent 83% du marché ! Les trois premiers sont européens, comme la compagnie française CMA CGM. Le géant national du transport maritime disposerait d'une flotte de 500 navires... dont 28 seulement (soit 5%) naviguent sous pavillon français.
Dans cet extrait, un représentant syndical, ancien officier sur les cargos de la CMA CGM, dénonce le régime dérogatoire qui permet à la compagnie d'embaucher des marins de toutes nationalités à des niveaux de salaires plus bas que leurs collègues français.
"Aujourd'hui, un matelot birman, il va avoir un salaire de base largement en dessous du smic, pour faire largement plus que 35 heures par semaine, et sans toute la protection sociale à la française. Et pour autant, ça, ça se passe sur des navires qui battent pavillon bleu blanc rouge…"
Simon-Clovis Hyvernat, représentant syndical à la CMA CGMà "Complément d'enquête"
La CMA CGM n'a pas autorisé l'équipe du magazine à tourner sur l'un de ses navires et n'a pas accordé d’interview sur cette question. Mais un officier toujours en poste dans l’entreprise a accepté de témoigner anonymement sur ce sujet. Selon lui, la nationalité des marins qui travaillent à bord des cargos varie régulièrement "en fonction du contexte économique et politique" et "du cours du prix de la main-d'œuvre".
Des marins philippins rémunérés 3,25 euros de l'heure
Ainsi, on s'oriente aujourd'hui "vers la Birmanie, la Chine, l'Amérique du Sud", alors qu'auparavant, explique-t-il, "on a employé beaucoup de Roumains". Mais depuis l'entrée de leur pays dans l'Union européenne, les faire travailler s'avère trop coûteux pour les armateurs... Les Philippins sont alors devenus "très demandés dans le milieu maritime" – au point qu'ils ne sont plus assez nombreux pour faire face à la demande.
"Complément d'enquête" s'est procuré la grille de salaires applicable aux marins philippins à la CMA CGM. En date de janvier 2022, le salaire minimum garanti pour un OS (Ordinary Seaman), le matelot le moins qualifié, est de 965 dollars – soit 850 euros par mois. A raison de 65 heures de travail par semaine, le tarif, imbattable, est de... 3,25 euros de l'heure. Soit 30% du smic horaire français... "C'est une course à la rentabilité", affirme l'officier qui témoigne dans cette enquête.
Extrait de "Cargos : business en eaux troubles", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 7 avril 2022.
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