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Législatives en Pologne : ce qui pourrait changer en cas de victoire du parti d'opposition, après huit années de pouvoir conservateur

Après le scrutin législatif de dimanche, les Polonais attendent les résultats définitifs pour savoir qui du PiS, le parti conservateur au pouvoir, ou des pro-européens obtiendra une majorité au Parlement. Une victoire de l'opposition pourrait permettre un retour au pouvoir de Donald Tusk et de mesures plus progressistes.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Donald Tusk, principal opposant et ancien Premier ministre polonais, à la tête de la Plateforme civique, le 15 octobre 2023. (JANEK SKARZYNSKI / AFP)

Selon les premiers résultats du scrutin polonais de dimanche 15 octobre, l’opposition centriste, menée par l'ancien Premier ministre Donald Tusk, semble en position de force pour former une majorité. La coalition Plateforme civique pourrait faire alliance avec deux autres partis et donc renvoyer le PiS, le parti Droit et justice, dans l’opposition.

Le parti de Jaroslaw Kaczynski arrive pourtant en tête du scrutin. Il remporterait 200 des 460 sièges du Parlement, ce qui demeure toutefois insuffisant pour conserver le pouvoir. Même une alliance du PiS avec le parti d’extrême droite Konfederacja ne lui permettrait pas d’obtenir la majorité. L’opposition semble sur le point d’accéder au pouvoir, menée par Donald Tusk et sa coalition Plateforme civique. Avec les voix de deux autres partis, la 3e Voie et la Gauche, l’opposition décrocherait 248 sièges, et donc la majorité absolue.

Une mobilisation massive

Sans attendre les résultats définitifs, Donald Tusk a revendiqué la victoire. "C’est la fin de cette période sombre, c’est la fin du règne du PiS", a déclaré dimanche soir l’ancien Premier ministre qui pourrait donc, dans quelques semaines, diriger à nouveau le gouvernement.

À Varsovie, les Polonais ont massivement voté pour l’opposition. Dans les rues de la capitale, les électeurs se montrent satisfaits, voire soulagés. C'est le cas de Barbara, cheffe-cuisinière dans un restaurant. "Je suis vraiment contente parce que c'est la fin de huit années désastreuses. Les gens pensent qu'en Pologne, nous sommes fermés, misogynes, racistes, mais ce n'est pas vrai !, s'exclame la trentenaire. Maintenant on attend les changements."

Donald Tusk, à la tête de la Plateforme civique, revendique la victoire aux élections législatives du 15 octobre 2023. (SEBASTIEN BAER / RADIOFRANCE)

Ce scrutin a été marqué par un niveau record de participation : près de 73% des électeurs se sont déplacés aux urnes, soit 11 points de plus qu’en 2019. Les jeunes ont massivement voté, surtout les jeunes femmes. Elles se sont mobilisées en majorité contre le PiS, qui a considérablement réduit le droit à l’avortement en 2021.

Quelles évolutions en cas de passage de l'opposition ?

Si les résultats se confirment, la victoire de la coalition Plateforme civique pourrait déclencher plusieurs changements en Pologne. Donald Tusk souhaite libéraliser le droit à l’avortement et entend aussi s’attaquer à la corruption et au clientélisme qui gangrènent, selon lui, la Pologne.

Les adversaires de Jaroslaw Kaczynski reprochent au PiS d’avoir bâti un système autoritaire qu’il va falloir effacer, explique Sebastian Mikosz, conseiller du président du Medef polonais et proche de l’opposition. "Ce pouvoir est un pouvoir avec de très fortes tendances autocratiques, qui a mis de son côté toutes les institutions d'État : la Banque centrale, le tribunal constitutionnel, une télé dite publique qui est en fait pro-gouvernementale. C'est un changement de style de gouvernement." Il conclut : "On a besoin d'une rupture."

Donald Tusk promet aussi d’apaiser les relations de la Pologne avec l’Union Européenne. Varsovie et Bruxelles s’opposent sur plusieurs sujets, dont l’indépendance du système judiciaire polonais, l’immigration ou encore les droits LGBT. Le probable futur Premier ministre devra aussi normaliser les liens avec son voisin ukrainien : les relations sont tendues depuis la mise en place de l’embargo polonais sur les importations de céréales. Donald Tusk assure que les quatre prochaines années seront, pour la Pologne, les plus importantes d’après-guerre.

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