Une grosse association d'usagers italiens porte plainte contre la décision de Paris d'avoir suspendu dimanche ses trains
La Codacons a dénoncé lundi une "décision scélérate", qui a interrompu pendant une demi-journée "un service public pour lequel les usagers avaient payé un billet".
La circulation des trains entre Vintimille et Nice avait été interrompue pour empêcher l'entrée d'un train avec des manifestants voulant accompagner en France des immigrés tunisiens.
Bruxelles a confirmé lundi que Paris avait le droit de suspendre le trafic ferroviaire avec l'Italie. La décision française de suspendre dimanche pendant six heures la circulation des trains depuis Vintimille a été motivée par des "raisons d'ordre public", a souligné Bruxelles jugeant que, "apparemment, ils ont le droit de faire cela".
De son côté, Claude Guéant a dit lundi ne pas vouloir de tensions avec Rome sur le dossier des immigrés tunisiens. Le ministre de l'Intérieur a néanmoins souligné lundi que la décision de Rome d'accorder des permis de séjour temporaire aux plus de 20.000 migrants tunisiens arrivés en Italie depuis janvier "a été contestée par beaucoup de pays de l'UE".
La France a expliqué "que c'était une interruption très temporaire (...) et que maintenant le trafic passe normalement", et il semble "que ça ne tombe pas sous le règlement de contrôle des frontières Schengen", a souligné la commissaire européenne aux Affaires intérieures Cecilia Malmström.
La décision française de suspendre dimanche pendant quelques heures la circulation des trains depuis Vintimille (Italie) alors qu'un convoi de migrants tunisiens accompagnés de militants des droits de l'homme français et italiens allait traverser la frontière, a fâché Rome, qui a protesté contre une "violation des principes européens".
Mais pour Claude Guéant, la France a respecté "à la lettre" les accords de Schengen sur les migrants tunisiens auxquels l'Italie à accordé un permis de séjour.
Auparavant, les autorités françaises avaient précisé avoir suspendu la circulation des trains à cause d'une manifestation non autorisée en soutien aux migrants tunisiens "afin d'éviter tout risque d'accident", selon la source de la Commission de l'UE. La mesure a été "temporaire" et "n'a pas été au delà du strict nécessaire", a-t-elle estimé. Il s'est agi d'une "mesure ponctuelle de gestion du trafic ferroviaire" pendant six heures, a dit la source.
Lundi, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a estimé, dans une interview à La Repubblica, que Rome et Paris, en dépit de leurs divergences sur la gestion des immigrés tunisiens, devaient "travailler ensemble" pour dissiper le nuage qui plane sur leurs relations.
La France a, pour sa part, protesté contre la délivrance de permis de séjour aux migrants tunisiens arrivés illégalement en Italie pour leur permettre de gagner l'Hexagone. Plusieurs pays de l'UE ont saisi la Commission de l'UE pour dénoncer cette décision "scandaleuse" des autorités italiennes, a indiqué un diplomate européen. La délivrance de permis doit respecter des règles très strictes et se faire au cas par cas, a rappelé cette source.
Les permis accordés par l'Italie aux migrants tunisiens "sont valables et reconnus par la France", a pour sa part soutenu le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini, en estimant que "l'Europe ne va nulle part si on érige des murs" entre les pays.
Rome a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois aux plus de 20.000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier, pour qu'ils puissent rejoindre "amis et parents" en France et ailleurs en Europe.
Les autorités de Paris se sont irritées de cette initiative et ont rallié plusieurs autres gouvernements de l'UE à leur cause. La Belgique a renforcé les contrôles douaniers dans les aéroports de Bruxelles et de Charleroi (sud), a indiqué le secrétaire d'Etat à la Politique de migration et d'asile, Melchior Wathelet. Les règles européennes exigent que les migrants possèdent un passeport et des ressources suffisantes.
Une manifestation ni déclarée, ni autorisée, selon Paris
La circulation entre Vintimille (Italie) et Menton (France) a été rétablie dimanche vers 18h00. Selon le ministère français de l'Intérieur, elle avait été suspendue "à la demande du préfet des Alpes-Maritimes, en raison des risques de trouble manifeste à l'ordre public" que faisait courir une manifestation interdite de militants et de migrants tunisiens.
Les militants venus du nord de l'Italie et de Venise, étaient "entre 250 et 300" et leur manifestation n'avait été ni déclarée, ni autorisée, selon le ministère français.
"Je peux comprendre que 300 alternatifs suscitent des préoccupations" mais les permis accordés par l'Italie aux migrants tunisiens "sont valables et reconnus par la France", a encore indiqué M. Frattini, en estimant que "l'Europe ne va nulle part si on érige des murs" entre les pays.
Environ 200 militants des droits de l'homme, des Français et beaucoup d'Italiens, avaient pris place à Gênes à bord d'un "train de la dignité" devant accompagner des migrants tunisiens jusqu'à Nice (sud-est de la France). Ils avaient annoncé vouloir "défier les blocages gouvernementaux pour ouvrir les frontières, garantir le libre accès au territoire européen, et rappeler qu'aucun être humain n'est illégal".
Mais à la mi-journée, avec l'annulation des dessertes vers la France, leur train s'est retrouvé bloqué à Vintimille, dernière ville italienne avant la frontière. Dans le sens inverse, les convois venant de Nice étaient stoppés dès Menton.
Indignés, les militants se sont regroupés en cortège, aux côtés de nombreux immigrés tunisiens, pour crier leur colère. Scandant "liberté", "liberté", ils ont tenté de se rendre au consulat de France mais en ont été empêchés par des carabiniers.
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