Un tribunal allemand condamne la circoncision pour motif religieux
Un tribunal de Cologne a statué après un cas d'opération ayant entraîné des complications. La communauté juive s'indigne, dénonçant une "intervention gravissime" dans la vie des communautés religieuses.
La décision a provoqué un tollé de la communauté juive allemande : dans un jugement qui devrait faire jurisprudence, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé, mardi 26 juin, que "le corps d'un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision", et jugé qu'il s'agissait là d'une blessure corporelle passible d'une condamnation.
En Allemagne, la circoncision concerne presque uniquement les juifs et les musulmans. Plusieurs milliers de garçons la subissent chaque année, à la demande de leurs parents. Dans la religion juive, l'intervention est pratiquée le huitième jour du nouveau né garçon par un médecin ou un mohel professionnel. Aux Etats-Unis par exemple, cette intervention est presque systématique quelle que soit la confession, au nom de l'hygiène.
Une opération "contraire aux intérêts de l'enfant"
La justice allemande avait été saisie du cas d'un médecin généraliste de Cologne qui avait circoncis un petit garçon de 4 ans à la demande de ses parents musulmans. Or, quelques jours après l'intervention, l'enfant avait dû être admis aux urgences pour des saignements. Le parquet de la ville avait alors engagé des poursuites contre le médecin.
Ce dernier avait été relaxé en première instance puis en appel, le tribunal arguant du fait qu'à l'époque des faits il n'était pas en mesure de déterminer s'il agissait illégalement. Le tribunal s'est donc penché sur la question. Il estime que "cette modification est contraire à l'intérêt de l'enfant qui doit décider plus tard par lui même de son appartenance religieuse", dans un jugement qui n'interdit toutefois pas cet acte à des fins médicales.
"Une intervention gravissime" dans la vie religieuse pour les autorités juives
Pour le tribunal, les droits des parents en matière d'éducation et de liberté religieuse ne sont pas bafoués s'ils attendent que l'enfant soit en mesure de décider d'une circoncision comme "signe visible d'appartenance à l'islam" par exemple.
Le Conseil central des juifs d'Allemagne a vivement réagi, estimant qu'il s'agissait d'"une intervention gravissime et sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses". "La circoncision des nouveaux nés garçons est un élément essentiel de la religion juive et est pratiquée depuis des milliers d'années partout dans le monde", a insisté le président du Conseil, Dieter Graumann. Il a exigé que les députés allemands légifèrent sur la question.
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