Ukraine : une journée décisive

Cela fait près d'un mois que des centaines de milliers d'Ukrainiens se rejoignent sur la place de l'Indépendance, à Kiev, pour protester contre la décision du président Viktor Ianoukovitch, que l'opposition soupçonne de vouloir brader les intérêts de l'Ukraine à la Russie.
En cause : le refus du président ukrainien de signer un accord d'association avec l'Union européenne. Depuis, les rues de Kiev sont en ébullition, et la crise politique ne fait que s'aggraver au fil des jours.
Lundi, au lendemain d'une nouvelle manifestation d'envergure et pour la première fois depuis le début de la crise, le parti au pouvoir s'est désolidarisé de Viktor Ianoukovitch. Il a demandé un remaniement du gouvernement.
Le président ukrainien en visite en Russie
A l'origine de la crise politique, les difficultés économiques du pays. L'Ukraine cherche une assistance financière pour couvrir un besoin de financement extérieur évalué à 17 milliards de dollars l'année prochaine. Or, la Russie a laissé entendre qu'elle était sur le point de conclure un accord de prêt à l'Ukraine pour l'aider à surmonter ses difficultés économiques.
Un collaborateur du président russe Vladimir Poutine aurait fait savoir qu'un crédit serait accordé à l'Ukraine lors des discussions qu'aura Viktor Ianoukovitch ce mardi à Moscou, et le ministre ukrainien de l'Energie a déclaré qu'un accord était également très probable sur une baisse du prix du gaz russe vendu à Kiev.
La pression de la rue toujours plus forte
Et c'est bien là le problème de l'opposition. Les principaux opposants reprochent à Viktor Ianoukovitch de ne pas avoir signé l'accord d'association qui était en négociation depuis des mois avec l'Union européenne, et de lorgner plutôt vers Moscou. "Nous ne voulons pas que les intérêts nationaux soient trahis ", a même dit Vitali Klitschko, l'un des dirigeants de l'opposition.
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Une situation d'autant plus difficile pour le président ukrainien que l'opposition est soutenue par les Occidentaux, et que les européens commençent à s'impatienter. Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne, s'est montrée relativement conciliante. "Les ministres ont de nouveau confirmé aujourd'hui que l'UE est prête à signer l'accord d'association (...) à condition que l'Ukraine soit prête et que les conditions idoines soient remplies ", a-t-elle rappelé.
La journée de mardi décisive
Mais le commissaire européen chargé de l'Elargissement, Stefan Füle, s'était montré moins patient, dimanche, en annonçant avoir informé Kiev de la suspension des travaux sur cet accord.
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La journée de mardi pourrait donc se révéler être un tournant : en cas d'accord avec la Russie, Viktor Ianoukovitch pourrait voir les membres de son parti rejoindre les manifestants; alors qu'en cas de refus, il subirait, dans ses relations avec la Russie les conséquences économiques et diplomatiques d'un tel revirement.
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