Cet article date de plus de neuf ans.

Tunisie : "J’ai tout laissé sur la plage, j’ai couru" (rescapé de Sousse)

Vendredi matin, 38 touristes ont été tués à l’arme automatique sur la plage d’un hôtel de Sousse. Cette attaque terroriste menée par un homme qui avait caché son arme dans un parasol a été revendiquée par le groupe Etat islamique. Les rescapés, des touristes belges, anglais, hollandais ou encore français, sont toujours à l’hôpital ou en cours de rapatriement. Anne Lamotte les a rencontrés.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le choc et la stupeur à Sousse après l'attentat qui a fait 38 morts, en majorité des touristes, vendredi matin sur la plage de l'hôtel Imperial Marhaba © Maxppp)

A l'hôpital Sahlool de Sousse, cette ville balnéaire située à 140 km au sud de Tunis, une vingtaine de personnes sont toujours hospitalisées. Parmi elles, il y a Claude, un touriste belge blessé par balle. C’est dans son maillot de bain qu’il est étendu sur son lit d’hôpital, un petit maillot de bain noir, rien d’autre. Et ce maillot, il le portait déjà lors de l’attaque hier matin. "Je n’ai que ça, j’ai tout laissé sur la plage. J’ai couru ", nous confie-t-il.

"J’ai tout laissé sur la plage, j’ai couru". Claude, touriste belge blessé dans l’attentat de Sousse, se confie à Anne Lamotte

 

Claude, touriste belge de 66 ans, qui bronze donc tranquillement sur le sable quand le terroriste commence à tirer hier : "J’ai aperçu un garçon avec un tee-shirt noir qui était debout et qui tirait dans les gens. Alors on se lève et on fout le camp, je vous le dis ! Vous n’avez pas d’armes, vous êtes en maillot de bain sur une plage, que voulez-vous faire d’autre à part courir. Vous n’avez pas d’autre solution, courir le plus vite possible, le plus loin possible et se cacher ".

 

"C’était quelqu’un qui était habillé normal". Kiri, employé chargé des excursions à l’hôtel Marhaba de Sousse, a vu le tireur. Propos recueillis par Anne Lamotte

Je lui ai dit : "Ne restes pas là, il faut absolument que tu viennes "

Sauf que la femme de Claude ne suit pas, "elle ne sait pas courir longtemps ", explique-t-il. "Je la tenais par la main, un moment donné elle m’a lâché, elle est allée se cacher sous un arbuste. Je lui ai dit 'Ne restes pas là, il faut absolument que tu viennes'… Et en faisant marche-arrière pour aller chercher ma femme, c’est là que j’ai ramassé une balle ", raconte-t-il. Une balle dans la jambe droite. "Mais on a quand même couru parce que je vous garantis que quand vous avez peur, c’est pas une balle dans la jambe qui vous arrête, c’est pas vrai ", poursuit-il.

 

La jambe de Claude est à présent entièrement bandée. Il a été opéré, on lui a extrait la balle mais il ne se souvient pas vraiment de la douleur. En revanche, de la peur, oui : "Quand vous entendez les grenades et que vous voyez des gens qui sont tirés comme de lapins, je vous garantis que vous avez peur ".

  (Blessé par balle, Claude a dû être opéré © Radio France)

"Jamais plus"...

Le touriste et sa femme se réfugient finalement dans une lingerie de l’hôtel. Combien de temps, il ne sait plus. "Quand vous êtes en panique comme ça vous n’avez plus de notion du temps ", explique Claude. Claude qui parle très facilement du drame. "Comparé à certains, je suis en vie moi. Y en a 37 qui sont couchés là. Je me rends bien compte que j’ai eu du pot ". Et Claude retrouve le sourire quand le chef de la sécurité de l’hôtel vient lui rendre visite, "un très gentil monsieur ".

 

Sauf que quand on demande au touriste qui a l’habitude de venir six semaines par an dans le même hôtel, à l’Imprial Marhaba , s’il reviendra… "Jamais plus, non. J’ai eu de la chance une fois. Si la balle était peut-être un mètre 20 plus haut, j’étais mort. Il ne faut pas tenter le diable. Une fois, c’est bon, je ne tenterai pas une deuxième expérience. Désolé "...

Vendredi soir, des centaines de touristes étrangers étaient amenés en bus à l'aéroport d'Enfidha pour être évacués de Tunisie.

"J’ai tout vu, c’était… horrible, surréaliste". Des touristes sous le choc se sont confiés à Anne Lamotte

►►► A LIRE AUSSI Attentat en Tunisie : des Français parmi les morts de l'attaque 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.