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Travailleurs détachés français : "Non, il n'y a pas de concurrence déloyale"

Jean Grosset, auteur d'un rapport sur les travailleurs détachés pour le Conseil économique, social et environnemental, explique que les travailleurs français ne sont pas concernés par le débat sur le "dumping fiscal et social" dénoncé par Emmanuel Macron. 

Article rédigé par franceinfo
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Des ouvriers sur un chantier, le 28 mars 2017, au Mans (Sarthe). (GILE MICHEL / SIPA)

Alors qu'Emmanuel Macron remet le dossier du statut des travailleurs détachés sur le devant de la scène européenne, Jean Grosset, auteur du rapport sur ces travailleurs en 2015 pour le Conseil économique, social et environnemental, est catégorique : les 125 000 Français concernés "ne représentent pas une concurence déloyale".

franceinfo : Qui sont ces Français qui ont le statut de travailleur détaché aujourd’hui ?

Jean Grosset : Ces travailleurs français ont normalement le même statut que l’ensemble des travailleurs détachés circulant librement sur le territoire européen. Il y a une petite différence, c’est que la sociologie de ces travailleurs n’est pas exactement la même. Parmi eux, beaucoup sont qualifiés et vont aller travailler dans quasiment tous les pays européens et sur des délais courts. Généralement, ils ont un accord à l’intérieur de l’entreprise française qui les détache pour soit conserver leur salaire d’origine en France soit avoir des complémentarités de salaire. Ce qui fait que vous avez très peu de problèmes de fraudes à partir de travailleurs français.

On les trouve dans quels secteurs d’activité ?

Dans l'Industrie et les travaux publics. J’ai vu dernièrement  un responsable des industries métallurgiques qui ont des travailleurs détachés, quelquefois même ce sont des sièges de société. On en trouve enfin chez les intérimaires.

Ce que vous dîtes c’est qu’il y a peu de fraudes car il n’y a pas de concurrence déloyale ?

Non, il n’y a pas de concurrence déloyale. D’ailleurs vous n’avez aucune remontée de pays d’accueil se plaignant de travailleurs détachés français qui viendraient travailler à un coût inférieur en substitution de la main d’oeuvre locale parce que le salaire minimum français est le plus élevé d’Europe.

Il y a quand même le problème de ces travailleurs détachés français employés en intérim par des sociétés luxembourgeoises et qui reviennent travailler en France...

C’est un problème de travail dissimulé et de travail illégal. Notre rapport a contribué à faire bouger les choses. Les inspecteurs du travail font entre 1 300 à 1 400 contrôles par mois rien que sur la question des travailleurs détachés. Mais le problème est assez marginal, c’est environ 13 000 personnes sur les 125 000 travailleurs détachés français.

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