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Travailleurs détachés : Emmanuel Macron veut lutter contre le dumping social

Le président de la République dénonce les abus de la directive sur les travailleurs détachés, qui date de 1996. Il cherche à obtenir le soutien de ses homologues européens, dans l'optique de la réformer. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron et le chancelier autrichien Christian Kern lors d'une conférence de presse, mercredi 23 août 2017 à Salzbourg (Autriche). (BERTRAND GUAY / AFP)

Une "trahison de l'esprit européen dans ses fondamentaux" qui favorise le moins-disant social et fait monter les populismes. Voilà les mots choisis par Emmanuel Macron pour dénoncer la directive européenne sur le travail détaché, mercredi 23 août à Salzbourg (Autriche). Le président français a obtenu l'accord du chancelier autrichien, Christian Kern, pour durcir le texte.

Emmanuel Macron cherche des soutiens

Paris et Vienne ont affiché leur "parfait alignement" de vues dans ce dossier, jugeant tous deux que la directive favorise le dumping social au profit de pays aux charges sociales moins élevées. L'Autriche est inquiète par l'afflux de travailleurs détachés, venus majoritairement de l'est de l'Europe – 166 000 l'an dernier sur un population active de 4 millions de personnes.

Le marché unique européen et la libre circulation des travailleurs n'ont pas pour but de favoriser les pays qui font la promotion du moindre droit social. C'est ce qui dans nos pays nourrit le populisme et érode la confiance dans le projet européen.

Emmanuel Macron

à Salzbourg (Autriche)

Dans l'après-midi, Emmanuel Macron et Christian Kern ont également rencontré les Premiers ministres tchèques et slovaques, Bohuslav Sobotka et Robert Fico. Le chef d'Etat français se rendra jeudi et vendredi en Roumanie et en Bulgarie. Fort du soutien de l'Allemagne, Emmanuel Macron espère convaincre suffisamment de pays, notamment à l'Est, pour obtenir la majorité sur la réforme lors d'une réunion européenne en octobre.

Paris veut restreindre les contours de la directive

La directive sur les travailleurs détachés date de 1996. Elle permet à une entreprise de l'Union européenne d'envoyer temporairement dans d'autres pays de l'UE ses salariés, tout en continuant à payer les cotisations sociales dans le pays d'origine. Au départ, le système devait faciliter les échanges entre des Etats au niveau de vie comparable. Mais les partisans d'une réforme dénoncent des abus depuis 2004, quand l'UE s'est étendue à des pays aux cotisations salariales bien plus basses.

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La France veut limiter la durée de ces détachements à douze mois sur une période de deux ans, quand la Commission proposait en mai une limitation de deux ans. Elle veut aussi lutter contre les fraudes, comme les sociétés "boîte à lettres" faussement domiciliée dans les pays de l'Est, en renforçant les contrôles. Fin mai, à peine élu, Emmanuel Macron avait fait bloquer un vote à Bruxelles sur une réforme qu'il jugeait trop molle.

Réticences en Hongrie et en Pologne

A la Commission, le président Jean-Claude Juncker a salué l'effort d'Emmanuel Macron. "Nous voyons d'un œil très favorable ces efforts pour rapprocher les positions et nous espérons qu'ils porteront leur fruit", a déclaré un porte-parole. La Pologne et la Hongrie, gros pourvoyeurs de travailleurs détachés, restent eux farouchement hostiles à toute réforme. Mais celle-ci pourrait passer malgré eux, puisqu'elle ne nécessite qu'une majorité qualifiée et non pas l'unanimité.

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La France voudrait aussi que la réforme s'applique aux transporteurs routiers, ce qui a mis en colère les professionnels roumains et bulgares. Cette position suscite aussi des réticences en Espagne et au Portugal. Pour obtenir un accord, Paris pourrait accepter que ce secteur fasse l'objet d'une négociation à part, repoussée à l'année prochaine.

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