Torture de masse en Syrie: Conférence au Parlement Européen
Les faits sont connus et désormais prouvés : la torture est massive en Syrie. Pour contrecarrer l’indifférence générale, Isabelle Durant, vice –présidente du Parlement Européen (Belgique) et Daniel Cohn-Bendit, co-président du groupe d’Europe Ecologie, ont organisé une rencontre au Parlement Européen avec le Réseau des Femmes Syriennes (RFS) et l’Association syrienne pour les détenus.
Les documents fournis par un ancien agent de la police militaire syrienne ayant fait récemment défection renferment « des preuves solides d’un recours systématique à la torture et l’assassinat de détenus par les agents du gouvernement syrien », a affirmé le Professeur David Crane, l’un des principaux enquêteurs. (11 000 prisonniers tués au cours des 3 dernières années dans les seuls centres de détention de la banlieue de Damas).
« Il est rare d’avoir des éléments de preuves aussi évidents d’élimination de civils. »
David Crane a fait partie de l’équipe d’experts juridiques sur les crimes de guerre qui a conclu à la torture systématique en Syrie. Il a répondu à nos questions :
A présent il existe des preuves claires, susceptibles d'être prises en compte par un tribunal, de torture et d'assassinat systématiques de prisonniers par des agents du gouvernement syrien. Vous avez dit : "Nous devons intervenir, nous devons faire quelque chose". Que doit-on faire? Qui devrait faire quoi?
David Crane: Nous ne pouvons intervenir puisque, pour le moment, il n'existe ni la volonté politique ni le désir d'employer la force militaire. Certes quelque chose doit être fait sur le plan politique et dans la légalité mais cela prendra du temps, si jamais…
-L'UE a-t-elle un rôle déterminé à jouer?
D.C.:L'UE est et restera une force politique, à présent et dans l'avenir.
-Les négociations politiques sont dans l'impasse; le droit international présent-il une chance raisonnable?
Pas en ce moment. Le fil rouge vif au sein du droit international moderne est bien la politique. Bien que, juridiquement, nous ayons la capacité, il n'y a aucune volonté politique de créer ni de soutenir un mécanisme juridique.
- A partir de vos découvertes et de vos expériences, avez-vous un message à transmettre au public?
David Crane: Souvenez-vous des victimes et honorez-les par la justice et non la vengeance.
Que faire ? Pour Bassma Kodmani, membre du Réseau des Femmes Syriennes, il y a urgence à engager les poursuites judiciaires et empêcher la réélection de Bacher el-Assad. « La solution militaire est dangereuse -nous n’en voulons pas -, la solution politique est dans l’impasse, il y a zéro perspective , a dit l’ancien porte-parole du Conseil national syrien aux députés européens.
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