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Tiers payant généralisé: 24 pays européens le pratiquent déjà

Grève des gardes et des urgences, fermeture des cabinets, manifestations… les médecins libéraux restent plus que jamais déterminés à faire disparaître le tiers payant généralisé du projet de loi santé. Une pratique pourtant très répandue en Europe.
Article rédigé par Géopolis FTV
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Carte vitale et feuilles de soins. (CITIZENSIDE/GERARD BOTTINO / citizenside.com)

Les médecins généraux ne désarment pas en France. Depuis décembre 2014, ils multiplient les actions pour s’opposer à la mesure-phare du projet de loi santé porté par Marisol Touraine: la généralisation du tiers payant. Le texte doit être examiné à partir du 17 mars en commission à l’Assemblée nationale. Mais la ministre de la Santé a d’ores et déjà confirmé en début de semaine que la mesure sera appliquée en 2017.
 
Nouvelles grèves, manifestation nationale
Après plusieurs mois de contestation, les médecins libéraux sont donc à nouveau mobilisés. Ils ont entamé le 13 mars une grève des urgences et des gardes. Le 14, tous les professionnels de santé étaient appelés à fermer leur cabinet. Et le 15, ils devaient manifester à Paris. 
 
Ce qui inquiète les médecins libéraux français
Un malade sur trois renonce, une fois par an, à aller chez le médecin. C’est pour permettre l’accès à tous aux soins médicaux que Marisol Touraine défend la généralisation du tiers payant, qui existe déjà chez les kinésithérapeutes ou encore les infirmières. Les médecins libéraux craignent, eux, que cette dispense d’avance de frais génère beaucoup de «paperasse», au détriment du temps consacré aux consultations. Des craintes qui, selon le docteur Patrick Xavier, président de la Confédération des syndicats médicaux français de Corrèze, pourraient inciter les jeunes médecins à déserter le libéral: «Le nouveau système va conduire les étudiants en médecine qui sortent des facultés à ne pas s’installer en médecine libérale, dans la mesure où cela va être trop contraignant en charge administrative.»

Plus de la moitié des Français favorables au tiers payant 
Sur la question de la généralisation du tiers payant, les Français sont partagés. Selon un sondage, 63% seraient favorables à l’application du tiers payant chez les médecins libéraux.
Comme le montre le reportage de nos confrères de France3 Limoges, les français sont à la fois satisfaits et inquiets. Satisfaits de ne plus payer une consultation chez le médecin. Inquiets des conséquences de la mesure sur la qualité des consultations. 


Seuls quatre pays européens sans tiers payant pour les consultations 
 24 des 28 pays de l’Union européenne pratiquent le tiers payant pour les consultations médicales. Comme la France, la Belgique et le Luxembourg mettent les patients à contribution avant de rembourser, en partie ou totalement, les frais médicaux. En Suède, le patient se fait rembourser ultérieurement la consultation par sa caisse d'assurance-maladie, si les honoraires du médecin ne dépassent pas 90 euros. Au-dessus, il n'a pas à avancer les frais.
 
Les limites du tiers payant dans les pays européens concernés 
En Allemagne, en Autriche ou encore aux Pays-Bas, les médecins pratiquent le tiers payant. Mais cela ne concerne pas les éventuels dépassements d'honoraires non pris en charge par les assurances maladies publiques et privées du patient.

Au Royaume-Uni et au Danemark, les patients n’ont pas la liberté de choisir leur médecin. Un Britannique, par exemple, doit impérativement consulter un médecin généraliste imposé en fonction du lieu d'habitation. Il bénéficie en contrepartie de consultations et de soins totalement gratuits. En revanche, s’il fait appel à un médecin du privé, ce qui est souvent le cas faute de spécialistes assez nombreux dans le public, la consultation est entièrement à sa charge.    
 
Les pays européens qui sortent des sentiers battus
Les Suisses ont, quant à eux, inventé le «tiers garant». Le patient ne paie pas le médecin lors de la consultation mais un mois plus tard. Un délai suffisant pour se faire rembourser d'ici là par son assurance maladie.
En Croatie, le patient ne paye pas le généraliste mais s'acquitte d'une franchise d'environ 2 euros à chaque consultation. Une somme symbolique pour rappeler au patient qu’une visite chez le médecin a quand même un coût. 

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