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Tabac : des députés européens fichés par Philip Morris

Des documents internes du cigarettier publiés par "Le Parisien" montrent le travail de lobbying auprès des élus du Parlement européen. 

Article rédigé par franceinfo
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Selon une enquête du "Parisien" publiée le 21 septembre 2013, 74 députés européens français sont fichés par le groupe Philip Morris.  (MAXPPP)

"Fervente opposante à l'industrie du tabac. Nécessité de surveiller de près ses éventuelles initiatives antitabac. Refuse rencontrer l'industrie." Cette note concerne l'eurodéputée Françoise Grossetête (Parti populaire européen, droite). Elle émane d'un document interne de Philip Morris, révélé par Le Parisien samedi 21 septembre. Le quotidien a pu consulter plusieurs documents confidentiels du cigarettier datant de 2012 et 2013 et attestant d'un travail de lobbying auprès des élus du Parlement européen.

Au total, 74 députés français sont fichés, selon le journal. Ils sont classés selon leur proximité supposée avec l'industrie du tabac et se voient attribuer une couleur en fonction du degré d'urgence à les approcher. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll est ainsi classé vert, qui signifie "à voir d'urgence". "L'existence de ce fichier est une atteinte aux libertés publiques", s'exclame ce dernier dans les colonnes du Parisien.

José Bové, Corinne Lepage ou encore Brice Hortefeux

Selon la Commission nationale de l'informatique et des libertés, interrogée par le quotidien, les députés "devraient être informés" de l'existence de ce fichier. Or, ceux qui y figurent, tels que José Bové, Corinne Lepage ou Brice Hortefeux affirment ne jamais en avoir entendu parler.

Contacté par Le Parisien, le groupe Philip Morris, qui détient entre autres la marque Malboro, n'a pas voulu s'exprimer, renvoyant à un communiqué du 9 septembre sur son lobbying dans le cadre de la directive européenne sur le tabac, exainée le 9 octobre prochain. "Il est malheureux que la discussion se focalise sur nos efforts pour faire connaître nos positions sur cette directive plutôt que sur une évaluation sérieuse du contenu et de l'impact probable de la directive proposée par l'Union européenne", y écrit Drago Azinovic, président de Philip Morris International pour l'Union européenne.

Au-delà de ce fichier, "certaines données financières sont troublantes", écrit le journal, "même si aucune trace de corruption n'apparaît". Selon les documents consultés par le quotidien, "la liste complète des 161 lobbyistes montre que chacun se voit affecter un budget spécifique pour l'organisation 'd'événementiels'". Où vont ces "548 927 euros"?, s'interroge Le Parisien

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