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Sida: l'Ukraine peine à enrayer l'épidémie

Le VIH se propage à vitesse grand V en Ukraine. La situation menace encore de s'aggraver avec 300.000 personnes séropositives qui se retrouvent privées de traitement. Ravagée par un an de guerre, l'Ukraine reste le pays d'Europe le plus touché par l'épidémie du Sida qu'elle peine à enrayer.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Mobilisation des associations de personnes séropositives alors que près de 5.000 nouveaux cas sont répertoriés durant les quatres premiers mois de l'année. (Stringer / RIA Novosti)
«Nous avons des réserves jusqu'à la fin juin», a assuré le 27 mai 2015 le ministre ukrainien de la Santé, Alexandre Kvitachvili, à propos des traitements antirétroviraux (ARV). Lors d’un conseil des ministres, il s’est engagé à travailler avec les organisations humanitaires internationales. 

«Dans trois semaines, il n'y aura plus de médicaments pour 30.000 séropositifs», a indiqué le Réseau ukrainien des personnes vivant avec le VIH. Les militants de cette ONG contestent l’adoption d’une loi en 2014 permettant aux fournisseurs de médicaments d'obtenir une avance sur recette en ne livrant que six mois plus tard. Sauf que plusieurs fournisseurs ont empoché l'avance mais n'ont jamais livré les médicaments. Appelant les autorités «à éviter une telle catastrophe», des militants ont érigé un cimetière symbolique devant le siège du gouvernement à Kiev.  

Les patients pourraient ainsi voir leur traitement antirétroviral (ARV) interrompu «pour la première fois en plus de dix ans», a averti Pavlo Skala, un responsable de l'Alliance internationale HIV/sida. Les derniers chiffres officiels de l'OMS faisaient état, début 2014, de quelque 234.000 séropositifs âgés de plus de 15 ans, soit 0,8% de la population appartenant à cette tranche d’âge.
 
Au 1er avril 2015, les statistiques ukrainiennes comptabilisaient 124.000 séropositifs. Au cours des quatre premiers mois de 2015, les médecins ont répertorié 4.563 nouvelles infections.

En janvier 2015, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sida en Europe orientale et en Asie centrale, le Pr. Michel Kazatchkine, avait alerté l'opinion internationale sur une grave crise sanitaire qui menaçait la Crimée, rattachée à la Russie, et l’est de l’Ukraine. Ce pays de l'ex-URSS est en proie, depuis un an, à des combats entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes.

Avec 39,4%, l’Ukraine affiche le taux de contamination le plus élevé parmi les pays de l’ex-Union soviétique, derrière la Russie (55,6% pour 100.000 habitants), selon l'OMS (chiffres 2014). Toxicomanes, prostituées et homosexuels en sont les principaux vecteurs. Cette population est, comme dans la plupart des pays de l'ancien bloc communiste, victime de discriminations et d'exclusion. La progression de l'épidémie y est principalement due à des transmissions entre hétérosexuels et drogués utilisant des seringues.

Les contaminations au VIH progressent fortement dans les ex-Républiques soviétiques depuis plus de dix ans, alors qu'elles stagnent en Europe de l'Ouest. 

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