Schengen : la Commission européenne en faveur de gardes-frontières européen
Si le projet de la Commission européenne va jusqu'au bout, il pourrait constituer une petite révolution. Elle va proposer au Parlement la création d'un corps européen de gardes-frontières et de garde-côtes. Il s'agit pour l'exécutif bruxellois de briser la tendance au rétablissement des frontières nationales, sous la pression de la crise migratoire et de la peur du terrorisme. En d'autres termes, la Commission tente d'envoyer des douaniers sauver le soldat Schengen et le principe de libre circulation.
1,5 millions de franchissements illégaux
Elle chiffre à 1,5 million le nombre de franchissements illégaux des frontières de l'UE depuis janvier par des migrants, qui n'ont pas été dûment enregistrés. L'Allemagne, l'Autriche ou la Suède ont décidé de rétablir les contrôles aux frontières, illustration de la défiance face au dispositif Schengen.
"Projet audacieux "
Faisant le constat que les Etats membres "ne sont pas préparés " à faire face, le Commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos, estime qu'il faut "quelque chose de plus complet et de mieux structuré " et qualifie son projet d'audacieux. Il l'est en effet car au motif de préserver un principe né de la construction européenne, il en grignote un autre, attaché à l'idée d'Etat-nation : la souveraineté.
"Droit d'intervenir" européen
Bâti autour de l'actuelle agence Frontex, doté d'un effectif qui pourrait tourner autour de 1.000 personnes d'ici 2020, ce corps pourrait s'imposer partout aux frontières de l'espace Schengen, y compris dans les Etats récalcitrants. Il interviendrait en particulier dans les situations d'urgence, même si l'Etat concerné ne lui demande pas d'aide. Il s'agit donc là de la possible création d'un véritable "droit d'intervenir" européen, que certains n'hésiteront pas à qualifier de droit d'ingérence.
"Choquant "
Sans surprise, le projet suscite de vives résistances : Remplacer Frontex "par une structure indépendante des Etats membres est choquant ", a déjà réagi lundi le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski. Paris et Berlin, en revanche, soutiennent la proposition. Mais la France n'a de frontières Schengen que maritimes et le seul pays non européen frontalier de l'Allemagne est la Suisse.
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