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République tchèque: «Seule une minorité est contre l'UE»

Juste dix ans après l’entrée effective de leur pays dans l’UE, quel bilan les Tchèques tirent-ils de leur décennie européenne ? Quelques éléments de réponse avec Veronika Petrová, journaliste au service international de la télévision tchèque.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 Veronika Petrová, journaliste au service international de la télévision publique tchèque Ceska Televize

	 

	 

	  (FTV)
Comment voit-on l’Europe, aujourd’hui, en République tchèque ?
Dix ans après notre adhésion, cela nous semble naturel que notre pays soit partie intégrante de l’Union. Pour nous, c’était important d’être membre de l’Europe démocratique. Nous ne voulions pas rester isolés, même si des Etats comme la Suisse ou la Norvège s’en sortent très bien tous seuls.
 
Il est vrai que l’Europe nous a apporté de l’argent. Pour autant, il paraît qu’aujourd’hui, nous sommes parmi les plus mauvais pour demander des subventions à Bruxelles ! Certaines entreprises y renoncent à cause des lourdeurs bureaucratiques. Dans le même temps, il faut dire aussi qu’il y a eu des cas de corruption et de détournements de fonds européens. A tel point que Bruxelles a dû geler le financement de certains projets.
 
Y a-t-il des Tchèques eurosceptiques ?
Aujourd’hui, seule une minorité de l’opinion, notamment à l’extrême droite, est opposée à l’UE. Ces extrémistes vous expliquent qu’avant, c’était Moscou qui nous imposait sa loi. Et que maintenant, c’est Bruxelles.
 
Evidemment, le sentiment pro-européen dépend des catégories socio-professionnelles. Les milieux d’affaires sont très favorables à l’Europe. Tandis que les agriculteurs considèrent qu’elle les maltraitent.
 
Au-delà, un élément significatif prouve que la majorité des Tchèques est favorable à l’UE, c’est l’élection en 2013 d’un président très europhile, Milos Zeman : cet évènement a été un vote en faveur de l’Europe. Il faut voir que son prédécesseur, Vaclav Klaus, était très europhobe. Pendant sa campagne, Milos Zeman n’hésitait pas à parler de Bruxelles, comme le faisait d’ailleurs aussi son concurrent. Et l’un de ses premiers gestes, une fois élu, a été d’inviter le président de la Commission de Bruxelles, José Manuel Barroso, et de faire flotter le drapeau européen sur sa résidence. Ce que Vaclav Klaus s’était toujours refusé à faire !

Les drapeaux tchèque et européen flottent sur des bâtiments gouvernementaux à Prague le 30 décembre 2008. (Reuters - Petr Josek)

Pour autant, même si les autres Etats nous traitent équitablement, nous avons encore l’impression d’être des nouveaux venus au sein de l’Union, ceux du bloc de l’Est. Il y a encore comme une ligne de séparation avec les anciens membres.
 
Certaines anecdotes viennent renforcer cette impression. Selon l’Association slovaque des consommateurs, les multinationales de l’agroalimentaire vendraient dans les nouveaux pays membres de l’UE des produits de qualité inférieure à ceux distribués en Europe de l’Ouest (une accusation reprise par le ministre bulgare de l’Agriculture, Miroslav Naydenov, NDLR). La Commission de Bruxelles s’est penchée sur la question et n’a rien trouver à redire. Mais le consommateur tchèque, lui, a tendance à penser que pour ces firmes, ‘‘ces braves gens mangeront nos produits quoi qu’il arrive’’…
 
Les Tchèques ont-ils envie de rejoindre l’euro ?
Pour l’instant, ce n’est pas un élément de préoccupation. Les milieux d’affaires y sont favorables. Mais l’opinion, elle, a l’air plutôt méfiante. Pour l’instant, on ne sait pas quand nous rejoindrons la zone euro. Le pays ne remplit pas encore tous les critères d’adhésion. Une chose est sûre : nos rivaux slovaques sont ravis d’y avoir adhéré avant nous. Mais bon, cette concurrence ne nous intéresse pas.

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