Représentants des conservateurs et des libéraux-démocrates britanniques sont entrés dans le vif du sujet dimanche
Même si ni David Cameron pour les Tories ni Nick Clegg pour les lib-dems n'ont participé à cette réunion, le but était de discuter d'une alliance de gouvernement après des élections législatives qui n'ont pas permis de dégager une majorité claire, une première en Grande-Bretagne depuis 1974.
Cependant, aucun accord n'est attendu avant lundi.
Une chose est sûre, la possibilité d'une alliance entre les deux partis fait d'ores et déja grincer des dents chez de nombreux militants lib-dems, pour la plupart classés plus à gauche que leurs dirigeants.
Selon le résultat final officiel des 649 circonscriptions, le parti de David Cameron obtient 306 élus, devant les travaillistes du Premier ministre sortant, Gordon Brown, qui obtient 258 députés. Il aurait fallu 326 sièges aux conservateurs pour avoir la majorité absolue.
Les libéraux-démocrates de Nick Clegg obtiennent 57 sièges.
La proposition de Cameron à Nick Clegg
Le leader des conservateurs David Cameron a annoncé vendredi qu'il était prêt à offrir un accord "large, ouvert et global" de partage du pouvoir aux libéraux démocrates, arrivés en troisième position aux élections législatives britanniques du 6 mai.
"Je veux faire une offre large, ouverte et globale aux libéraux démocrates. Je veux que nous travaillions ensemble pour résoudre les problèmes importants et urgents de notre pays", a-t-il indiqué dans une conférence de presse à Londres.
Nick Clegg, chef du parti Libéral Démocrate, avait estimé plus tôt vendredi que les conservateurs, ayant recueilli le plus de voix, avaient la priorité pour tenter de former un nouveau gouvernement. Une déclaration interprétée par les médias britanniques comme une ouverture vers une possible alliance avec les Tories.
29 sièges seraient attribués à d'autres formations, notamment des partis nationalistes en Ecosse et au Pays de Galles. Et surprise, le parti écologiste britannique, le Green Party, a remporté son premier siège au Parlement grâce au leader du mouvement, Caroline Lucas, dans la circonscription de Brighton Pavilion, dans le sud-est de l'Angleterre.
A noter cependant, que des centaines de Britanniques n'ont pas pu voter jeudi soir en raison de longues files d'attente devant les bureaux de vote. Dans plusieurs circonscriptions, des électeurs ont été refoulés des bureaux de vote, selon les médias britanniques. Ce fut le cas à Londres et dans sa banlieue londonienne, à Hackney, à Lewisham ou à Islington. A plusieurs reprises, la police a dû intervenir pour calmer les électeurs furieux de ne pas avoir pu voter avant la clôture des bureaux à 21h00 GMT. Les conservateurs réclament une une enquête "approfondie".
Résultats des élections législatives britanniques , répartition des sièges au parlement avec rappel des résultats de 1992 à 2005.
Hung Parliament
Sans majorité absolue, le conservateur David Cameron est dans l'impossibilité de former un gouvernement. Dans ce cas, on dit que le Parlement se retrouve "suspendu" (hung Parliament), ce qui entraîne inévitablement tractations et négociations dans le but de former une coalition. Le système électoral à un tour favorise le bipartisme. Le dernier Parlement suspendu remonte à 1974.
Dans le même temps, les lib-dems, qui avaient effectué une percée dans les sondages pendant la campagne grâce à la popularité de leur chef Nick Clegg, subiraient un revers: les enquêtes d'opinion leur promettaient un résultat bien supérieur.
"Nous pouvons gouverner avec ce résultat (...) Il s'agit d'un rejet décisif du Parti travailliste et d'une alternance inédite depuis 1931", a déclaré David Cameron à Sky News.
Mais en l'absence de Constitution écrite, l'usage veut que Gordon Brown, en tant que chef du gouvernement sortant, tente en premier de former un gouvernement, sauf s'il décide de démissionner. Il devrait ainsi se tourner vers les libéraux-démocrates pour voir s'il peut parvenir à un accord de coalition avec eux. A eux deux, Labour et libéraux-démocrates disposeraient de plus de sièges que les seuls Tories, si les résultats du sondage étaient avérés.
Nick Clegg avait suggéré pendant la campagne qu'il pourrait accepter de travailler avec le Labour, mais aurait du mal à collaborer avec Gordon Brown. Peter Mandelson, le ministre britannique du Commerce et numéro deux du gouvernement, n'a pas écarté cette option en réagissant à l'enquête des télévisions. "Ce n'est pas le parti qui a le plus grand nombre de sièges qui essaie (de former un gouvernement) le premier, c'est le gouvernement en place", a-t-il rappelé sur la BBC. "Je ne vois pas de problème en principe à tenter de donner au pays un gouvernement fort et stable", a-t-il ajouté.
Au cas où Gordon Brown n'aurait d'autre issue que de démissionner, David Cameron serait en position d'accéder au 10 Downing Street, soit en passant un accord avec les lib-dems ou les petits partis comme le Parti unioniste d'Ulster (UUP), soit en formant un gouvernement minoritaire.
La livre sterling était en recul jeudi soir. Vers 21h15 GMT (23H15 à Paris), la devise britannique valait 85,77 pence pour un euro, contre 84,82 pence mercredi soir. Face à la monnaie américaine, elle reculait 1,4744 dollar contre 1,5099 dollar.
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