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Ratko Mladic transféré pour de bon vers La Haye

Un convoi d'environ huit véhicules a quitté le Tribunal spécial pour les crimes de guerre à Belgrade vers 16h40 cet après-midi, transportant Ratko Mladic, l'ex-chef militaire des serbes de Bosnie, inculpé. _ Il est arrivé peu avant 20h à La Haye, au quartier pénitentiaire du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, qui doit le juger pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
Article rédigé par franceinfo
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ACTUALISE A 20 H :

Les autorités serbes n'ont pas lésiné sur les précautions pour extrader le présumé criminel de guerre, encore considéré comme un héros par les ultra-nationalistes serbes. Ratko Mladic est monté dans un véhicule de transport de détenus qui a quitté le Tribunal spécial pour les crimes de guerre de Belgrade en milieu d'après-midi à toute allure, encadré par au moins six véhicules de police. La rue avait au préalable été bloquée par des hommes des unités spéciales avec visages masqués et gilets pare-balles et l'autoroute jusqu'à l'aéroport fermée au trafic.
_ Ratko Mladic est ensuite monté dans un avion pour La Haye, au Pays-Bas.

Une fois à La Haye, l'ex-général a été conduit dans le quartier pénitentiaire du TPIY, qui accueille déjà 36 détenus, dont Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des serbes de Bosnie. Chacun là-bas bénéficie d'une cellule individuelle d'une quinzaine de m² et de conditions de détention particulières destinées à préserver "leur bien-être physique et moral", explique le TPIY sur son site internet.
_ Ratko Mladic, dès son arrivée, a la possibilité de rencontrer un avocat.

Système judiciaire à l'américaine

L'étape suivante devrait suivre de peu : la comparution initiale du présumé criminel de guerre, selon le règlement du Tribunal, doit se faire "sans délai". Les trois juges chargés de cette affaire ont déjà été nommés. Il s'agit d'un Néerlandais Alphons Orie, d'un l'Allemand Christoph
Fluegge et d'un Sud-Africain Bakone Moloto.
_ Lors de cette comparution, Ratko Mladic pourra plaider coupable ou non-coupable des chefs d'accusation qui pèsent contre lui, à savoir génocide, complicité de génocide, persécutions, extermination, assassinats, expulsions, actes inhumains, faits de répandre illégalement la terreur parmi la population civile, traitements cruels, prise d’otages et attaques contre des civils.

Mladic est notamment tenu pour responsable du massacre de Srebrenica qui a fait 8.000 morts et du siège de Sarajevo qui a tué environ 10.000 personnes. Malgré la gravité de ces charges, s'il plaide coupable, son procès n'aura pas lieu et le tribunal prononcera une peine.

En cas de procès, la préparation peut prendre des mois, le temps que la défense prenne connaissance des éléments de preuve qui ont été rassemblés par l'accusation. Dans le cas de Radovan Karadzic, par exemple, le processus a duré plus d'un an.
_ Il se peut d'ailleurs que les deux affaires soient jointes, selon le bureau du procureur du TPIY, même si le procès de Karadzic est déjà en cours. Car les deux hommes sont accusés des mêmes crimes durant la guerre de Bosnie. Tous les deux risquent la prison à perpétuité.

Ratko Mladic a été arrêté la semaine dernière à Lazarevo, village serbe au nord-est de Belgrade, après seize ans de cavale pourtant sous son vrai nom. Depuis, ses avocats ont ferraillé pour tenter d'éviter son extradition, arguant de l'état de santé "alarmant" de l'ex-général de 69 ans. Ils ont encore interjeté appel ce mardi matin. Mais la justice serbe l'a estimé "physiquement apte" à affronter la justice internationale.

Cécile Quéguiner, avec agencesOeuvres liées

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