Quinze ans après, les Bosniaques commémorent le massacre de Srebrenica

Les cérémonies civiles et religieuses se succèdent aujourd'hui à Srebrenica (Bosnie-Herzégovine) pour commémorer les 15 ans du massacre, le pire en Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale. Depuis 11h ce matin, les cercueils de 775 nouvelles victimes identifiées récemment sont accompagnés par leurs familles jusqu'au mémorial de Potocari où sont déjà enterrées près de 3.800 victimes.

Plusieurs personnalités ont fait le déplacement sur les lieux du massacre dont le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, ancien Haut représentant de l'ONU pour le Kosovo. Boris Tadic, l'actuel président serbe, assiste également aux cérémonies. Il justifie sa présence comme "un acte de réconciliation et de construction de passerelles entre les nations de l'ancien État" yougoslave. En mars dernier, le Parlement serbe avait déjà adopté une résolution condamnant l'épisode de Srebrenica.

Mais parmi les Bosniaques, le malaise est palpable. Hatidza Mehmedovic, témoin du massacre, s'emporte: "Comment n'a-t-il pas honte de venir à Potocari, alors qu'il n'a pas arrêté deux criminels de guerre les plus recherchés, Ratko Mladic et Goran Hadzic, alors qu'ils sont à sa portée?".

Ratko Mladic, ancien chef de guerre serbe en Bosnie, a été inculpé de génocide par la justice internationale. Il est considéré comme le principal responsable de la tragédie. Probablement caché en Serbie, l'ancien général est recherché par Belgrade avec le soutien de l'Europe. Le doute subsiste cependant sur la détermination du gouvernement serbe. Ratko Mladic aurait bénéficié de la complicité de l'armée serbe pour se cacher depuis sa fuite en 1996.

Paul Chaufour avec agences