Quatre évêques intégristes réhabilités par le pape

Benoît XVI souhaitait mettre fin à vingt ans de schisme "lefebvriste". Il avait fait plusieurs gestes envers les traditionalistes, comme ses initiatives en faveur de la réintroduction du rite traditionnel tridentin, en latin. Voilà que le pape franchi un nouveau cap en direction des catholiques intégristes en réhabilitant quatre évêques ultra-conservateurs de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galaretta avaient été excommuniés en 1988, car sacrés sans autorisation du Vatican.

La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, hostile aux innovations introduites par le Concile Vatican II au début des années 1960, revendique environ 600.000 fidèles. Elle a été fondée en 1970 par l'évêque français Marcel Lefebvre, qui avait pris la liberté de sacrer plusieurs évêques, dont les quatre réhabilités, sans l'aval du Saint-Siège.

Pour le Vatican, cette levée d'excommunication constitue "un pas très important vers la reconstitution de la pleine communion de l'Eglise" forte d'un milliard de fidèles. Et le Saint-Siège de préciser que le geste "bienveillant" du pape en direction du petit groupe intégriste et les propos négationnistes de l'évêque Robert Williamson n'ont "rien à voir".

Le prélât britannique de 67 ans a en effet contesté à plusieurs reprises l'extermination de six millions de Juifs et l'existence de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration nazis, admises par la plupart des historiens. Mercredi, il récidivait à la télévision suédoise alors que le Vatican s'apprétait à rendre publique la levée de son excommunication.

Ses déclarations ont provoqué une vive émotion à travers le monde et notamment en France où la FSSPX, bien que très minoritaire, est bien implantée. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a estimé hier que sa réhabilitation serait "un recul inquiétant dans la politique menée par l'Eglise contre l'antisémitisme depuis le concile Vatican II" .

Anne Jocteur Monrozier, avec agences