PS et Merkel : le film de la polémique
Il s'agissait du "tout premier brouillon mis sur la table ", s'est expliqué lundi matin David Assouline, porte-parole du PS, lors du point presse hebdomadaire du parti. Comment un brouillon du PS sur la politique de l'Union européenne a-t-il pu semer ainsi la polémique pendant tout le week-end ? Retour sur les faits.
Acte I : un projet de texte fuite dans la presse
Vendredi, un projet de texte émanant de la direction du PS fuite dans Le Monde. Il s'agit d'un texte défendant une réorientation de la politique en faveur de la croissance et la fin de l'austérité dans l'Union européenne, en vue de la Convention du parti sur l'Europe prévue le 16 juin prochain.
La "chancelière de l'austérité" à l'"intransigeance égoïste"
Le texte qualifie alors Angela Merkel de
"chancelière de l'austérité " à l'"intransigeance égoïste ".
Les propos critiquent sévèrement la droite européenne, appelant à une
"bataille de la réorientation " en faveur de la croissance, à un
"affrontement démocratique " et à la "fin de l'austérité ".
Avant même la publication du texte polémique, de vives critiques émanaient déjà de la part de l'aile gauche du PS. Jeudi, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, avait fait un plaidoyer en faveur d'une "confrontation " avec Berlin.
Acte II : Ayrault tente de calmer le jeu
Dès vendredi, l'entourage de François Hollande relativise la portée du texte initial, estimant que le PS s'y exprime et non les autorités françaises. Mais il ne désavoue pas pour autant les propos. Samedi également, Jean-Marc Ayrault tente de calmer le jeu en publiant deux tweets pour insister sur l'amitié franco-allemande.
Face à la polémique lancée par
la publication des propos, Jean-Christophe Cambadélis, vice-président du PS chargé du texte, indique dès samedi que
le texte final ne comprendra pas les formules les plus agressives envers la
chancelière allemande. "Il s'agit d'un combat politique, pas d'une
stigmatisation de telle ou telle personne ", indique-t-il. Mais le texte final du document du PS ne sera pas pour autant totalement édulcoré, laisse entendre Jean-Christophe Cambadélis.
Acte III : la droite entre en scène
Plusieurs personnalités de droite fustigent les propos du PS. Alain Juppé
évoque samedi un "péril mortel". Il estime que la France est isolée, que "la confiance avec l'Allemagne est rompue " et que nous "avons perdu tout crédit pour engager pour un dialogue musclé avec elle".
Lundi, c'est au tour de Jean-François Copé et de François Fillon de pointer dans un communiqué commun la
"responsabilité personnelle " de François Hollande dans la "dégradation de la relation
franco-allemande ". Il s'agit du premier texte commun publié par les deux rivaux de l'UMP depuis la signature de l'accord mettant fin à leur bataille. Ils dénoncent "le climat germanophobe qui gagne le PS et son allié d'extrême gauche " (allusion à Mélenchon). "François Hollande a ouvert la boîte de Pandore en évoquant 'une tension amicale' avec l'Allemagne ", ajoutent-ils.
Lundi, Bernard Accoyer, ancien président (UMP) de l'Assemblé nationale, demande au Premier ministre d'engager sa responsabilité devant les députés pour sortir de la "confusion ". Dans un communiqué, le député de Haute-Savoie se dit "inquiet " des "déclarations contradictoires, au sein de la majorité, sur les relations franco-allemandes ".
Acte IV : la défense du PS
Lundi, pour apaiser le climat, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en rajoute une couche sur l'importance de l'amitié franco-allemande, dans une interview à La Dépêche du midi. Jean-Christophe Cambadélis indique de son côté que l'auteur de la "fuite" sera suspendu du Parti socialiste. Il s'agit d'un "brouillon ", insiste également lundi matin le porte-parole du PS, David Assouline, lors du point presse hebdomadaire du parti, maintenant tout de même la ligne politique des propos.
Acte V : la réponse allemande
Lundi face à la tension croissante, un porte-parole d'Angela Merkel indique que "la relation franco-allemande est essentielle ". "Ce qui compte pour nous, ce ne sont pas les partis mais le travail avec les gouvernements, comme la coopération directe avec le président français, le Premier ministre Ayrault et les ministres ", a dit Steffen Seibert lors d'une conférence de presse. Suffisant pour clore la polémique ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.