Près de 170 salariés de la Banque centrale européenne ont déposé plainte contre une réforme liée à leurs retraites
C'est une première. Jamais l'institution monétaire n'avait été confrontée à une démarche aussi massive de ses employés. Les plaintes ont été déposées vendredi, auprès du Tribunal de la fonction publique de la Cour de justice de l'Union européenne.
Les salariés contestent un "changement unilatéral" de leur régime de retraites par la direction.
Cette modification réduit leurs pensions "de 20% en moyenne", selon un communiqué du syndicat Ipso qui s'appuie sur une étude externe. La BCE, qui a introduit cette réforme en juin dernier, invoquait que le système de départ, instauré en 1998, n'était pas viable financièrement.
Un changement du système de retraite était "nécessaire et inévitable", a indiqué une porte-parole de l'institution. Selon elle, "une réforme juste et équilibrée a été mise en place après de larges consultations avec les représentants du personnel". "La BCE a pleine confiance dans le jugement de la Cour européenne de justice", a-t-elle ajouté.
Ce n'est pas du tout l'analyse d'Ipso, qui y voit, en revanche, un prétexte pour faire des économies sur le personnel. Le syndicat, qui représente 40% des 1.162 salariés permanents de la BCE, dénonce depuis des mois des "conflits d'intérêt" dans la banque en raison de son statut à part parmi les institutions européennes, qui lui permet de légiférer sur le statut de son personnel.
"La BCE doit mettre en place un cadre législatif régulant la possibilité de négocier" pour se conformer à la Charte européenne des droits fondamentaux qui reconnaît le droit de négociation collective, a expliqué Carlos Bowles, un économiste de la BCE et l'un des responsables d'Ipso.
Mais,"en tant qu'employeur, elle n'a pas intérêt à mettre un tel système en place et donc en tant que législateur, elle ne le fait pas", a-t-il ajouté. "Une institution comme la Banque centrale européenne devrait jouer un rôle modèle en Europe, notamment concernant les relations de travail", a estimé Marius Mager, président d'Ipso.
En juin dernier, quelques centaines de salariés avaient organisé la première grève de l'histoire de la BCE devant son siège de Francfort pour protester contre un "manque de démocratie" de la direction vis-à-vis de son personnel.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.