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Premiers pas à Prague de la Communauté politique européenne : "Un tour de force en pleine guerre", souligne un spécialiste

La CPE accueille 44 dirigeants à Prague, les pays européens plus 17 autres dont la Turquie et l'Ukraine. "Cela fait un ensemble très disparate et c'est un peu la limite de l'exercice", admet Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors.

Article rédigé par franceinfo
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La présidente de la Commision européenne, Ursula von der Leyen arrive à Prague (République tchèque) le 6 octobre 2022 pour la première réunion de la Communauté politique européenne. (JOE KLAMAR / AFP)

"C’est déjà un tour de force que d'arriver à réunir 44 dirigeants en pleine guerre face à la Russie", a estimé Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors alors que la Communauté politique européenne (CPE) tient sa première réunion jeudi 6 octobre à Prague, la capitale tchèque. Dans un discours prononcé à Strasbourg (Bas-Rhin), Emmanuel Macron avait appelé en mai à la création d'une CPE pour accueillir notamment l'Ukraine et pour "trouver un nouvel espace de coopération politique". La CPE accueille les pays de l’Union européenne plus 17 pays dont la Turquie, la Suisse et la Serbie. L'Ukraine sera également représentée. Des pays "sont effectivement très loin des canons démocratiques, cela fait un ensemble très disparate et c'est un peu la limite de l'exercice", admet Sébastien Maillard.

franceinfo : À quoi la CPE va servir ?

Sébastien Maillard : C’est tout le pari de ce sommet et c’est déjà un tour de force que d'arriver à réunir 44 dirigeants en pleine guerre face à la Russie. La photo sera très symbolique. La question c'est : qu'est-ce qu'on fait une fois que cette photo est faite et que chacun repart chez soi ? Des projets de coopération pour interconnecter nos différents réseaux d'électricité et de télécommunications, avoir un vrai espace d’interconnexions, cela demande des financements et aussi d'avancer concrètement une fois que le sommet est passé. Il y aura du pain sur la planche si on veut que cette CPE ne soit pas qu'un moment fort symbolique à Prague, mais ait vraiment une traduction concrète.

Comment ont été choisis les pays ?

Lorsque Emmanuel Macron avait lancé cette idée, le 9 mai à Strasbourg, cela avait une visée continentale. Mais c'était vraiment né au départ des demandes d'adhésion de l'Ukraine, la Moldavie et même de la Géorgie pour voir comment, entre les pays de l'Union européenne et les pays candidats ou les pays potentiellement candidats, on pouvait déjà avoir un espace de dialogue et de coopération. Le chef de l'État avait aussi évoqué le Royaume-Uni pour essayer de les remettre en jeu. Il y avait la question de la Turquie. On ne savait même pas si elle allait vraiment vouloir venir ou pas. Avoir des pays de différentes tailles, certains même prorusses, je pense à la Serbie, d’autres qui sont effectivement très loin des canons démocratiques, cela fait un ensemble très disparate et c'est un peu la limite de l'exercice. C'est vouloir certes faire un espace de coopération pratique et de dialogue politique, mais sans vraiment de socle démocratique commun. Mais dans l'immédiat, c'est quand même un succès d'arriver à réunir le continent entier pour montrer qu'il n'y a pas seulement les Occidentaux d'un côté et le reste du monde de l'autre, mais que le continent a beaucoup à partager ensemble.

"Peut-être que par ce travail en commun, on peut espérer que les valeurs démocratiques se diffusent un peu plus."

Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors

à franceinfo

Quels sont les objectifs à court terme ?

Un bon signe, c'est qu’on parle déjà du sommet suivant. Il y a plusieurs pays, dont la Moldavie, qui avaient proposé d'accueillir le prochain sommet. Donc, ça montre que les pays qui ne sont pas de l'Union européenne veulent quand même avoir un lieu où se retrouver. Mais la place de l'Union européenne va être une question clé pour l'avenir de cette CPE puisque même s’il s'agit de mettre tous les pays dans l'Union européenne et en dehors à égalité, l'Union européenne aura de fait un rôle moteur. C'est une façon pour elle d’exercer une certaine influence sur le reste du continent.

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