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Pourquoi la BCE assouplit sa politique monétaire

Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne est passé de 0,25% à 0,15% ce jeudi. L'institution veut ainsi faire baisser le niveau de l'euro, qui pénalise les exportations, et stimuler le crédit.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Les décisions de la Banque centrale européenne donnent le la dans les 18 pays qui ont l'euro pour monnaie. (MANUEL COHEN / AFP)

"Nous avons réagi à un risque d'inflation basse prolongée", a expliqué le président de la BCE, Mario Draghi. La baisse du taux principal directeur de la Banque centrale européenne, à 0,15% (au lieu de 0,25% auparavant) a été saluée par François Hollande, à Bruxelles, jeudi 5 juin, et par les marchés, qui attendaient cet assouplissement de la politique monétaire.

Stimuler le crédit et faire baisser l'euro, dont le niveau est trop élevé (ce qui pénalise les exportations), sont les deux principaux objectifs de la politique de la BCE.

Explications.

Pour stimuler le crédit et les exportations, en baissant le taux directeur

Ce taux directeur sert de baromètre au coût du crédit dans les 18 pays de l'union monétaire. Plus le taux de la BCE est bas, plus le coût du crédit a des chances d'être bon marché. Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne, abaissé à 0,15%, est l'outil central dont elle dispose pour influer sur l'octroi de crédits et contrôler l'inflation dans la zone euro. Depuis novembre, il stagnait à 0,25%, au même niveau que celui de la Réserve fédérale américaine (Fed).

En théorie, la baisse du taux directeur favorise le crédit et par conséquent l'activité économique et la croissance. Elle doit aussi répondre aux craintes de déflation, synonyme de baisse des prix mais aussi des salaires et, au final, de l'activité. D'autant que la reprise économique dans la région s'annonce lente et que l'euro a atteint, début mai, son plus haut niveau depuis octobre 2011. Ce qui pèse sur les entreprises exportatrices, dont les produits sont plus chers à l'étranger, et inquiète plusieurs pays membres de l'union monétaire.

Pour inciter les banques à prêter, en instaurant "un taux de dépôt négatif"

C'est un levier secondaire. Depuis juillet 2012, le taux de dépôt au jour le jour de la BCE était nul. En le fixant à -0,1%, la banque centrale franchit un cap symbolique, inédit pour une institution de cette taille. Elle veut ainsi pénaliser les banques qui placent leurs liquidités dans un coffre, plutôt que de les prêter. Par exemple, une banque qui confie 1 million d'euros à la BCE un jour verra la somme fondre à 999 000 euros le lendemain, puis 998 001 euros le surlendemain, si elle n'y touche pas, et ainsi de suite. A la BCE, seulement 36 milliards d'euros sont en ce moment stockés ainsi, contre plus de 800 milliards début 2012.

En principe, abaisser ce levier en dessous de zéro doit pousser les banques à prêter davantage aux entreprises et aux ménages, afin de stimuler la consommation et la croissance. Le second objectif de la manœuvre est d'influencer le taux de change. Si des banques sont dissuadées de laisser leurs euros à la BCE, elles pourraient les vendre afin de placer leurs liquidités ailleurs, faisant ainsi baisser la valeur de l'euro, jugé trop fort. Mais cette mesure déjà testée en Suède et au Danemark n'a jamais fait ses preuves à 100%. Les effets sont la plupart du temps limités en raison des faibles montants concernés.

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