Perte du AAA : pourquoi maintenant ?
Ainsi François Fillon critique une décision "à contretemps". Ce n'est jamais le bon moment pour l'abaissement de la note d'un Etat européen par une agence de notation à
en croire les dirigeants de la zone euro. Ainsi les rumeurs avaient annoncé une décision pour Noël. Vendredi c'est Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires
européennes, qui se plie à la tradition : "Je regrette cette décision aberrante" , avant d'ajouter *"avoir vérifié que
le moment n'a pas été choisi au hasard"* , vendredi 13 janvier oblige.
De l'importance de cette note
Au départ en 1975, quand les agences commencent à noter, la France bénéficie de la meilleure note. Ce
AAA, Paris le garde jusqu'à vendredi dernier. Elle permet principalement à l'Etat d'emprunter aux meilleurs taux
sur les marchés internationaux, puisque la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas le droit de prêter aux
pays de la zone euro.
Dans le cas de l'Italie, elle aussi dégradée mais à la note BBB+ (soit un petit 15/20), cette situation la force à
emprunter à 7% sur les marchés financiers à un moment où les banques en difficultés, elles, peuvent
emprunter à 0,1% auprès de la BCE.
La France peut-elle retrouver son AAA ?
Il y a des précédents dans l'histoire européenne, ainsi le Danemark perd son AAA en 1983 pour ne le
retrouver que 18 ans plus tard. Depuis le royaume maintient sa dette publique à un taux très bas (44% du PIB),
ce qui lui permet d'emprunter au taux enviable de 2%.
Sur le même modèle, le Canada perd son 20/20 en 1989 et le retrouvera en 2002. Reste que certains Etats
l'ont perdu récemment et son loin du compte s'ils veulent le récupérer, c'est le cas de l'Italie, l'Irlande ou du
Japon.
Qui sont les champions du AAA?
La France ne fait plus partie du club très fermé des détenteurs de la meilleure note, ils étaient 18 à s'y trouver
avant la dernière série de dégradation, 18 sur 127 pays notés. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 16, dont
simplement quatre dans la zone euro (Finlande, Pays-Bas, Luxembourg et Allemagne).
Ailleurs que chez nos voisins, les mieux notés chez Standard & Poor's sont le Canada, Singapour, l'Australie
ou quelques paradis fiscaux comme le Liechtenstein, l'Île de Man ou Guernesey.
Faut-il noter les agences de notation ?
En Europe ou aux Etats-Unis depuis la crise des subprimes, les Etats et les banques critiquent plus facilement
les agences de notation. On les accuse d'avoir favorisé la formation d'une bulle spéculative et d'avoir dégradé
des pays d'un seul coup, sans prévenir.
A Washington, Paris, Bruxelles ou Berlin, les responsables politiques nationaux et internationaux réfléchissent
à une astuce qui permettrait de limiter le pouvoir des agences. Certains proposent aussi de suspendre
provisoirement la notation d'un Etat si celui-ci se retrouve dans une situation compliquée. Une idée qui ferait
plus office de cache-misère que de vraie solution.
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