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Parlement européen, bataille de chiffres, bataille de chiffonniers
La thématique est à la mode. Le vrai du faux, Intox, Désintox. Elle devrait s’appliquer à cette véritable bataille de chiffonniers qui oppose les partisans d’un lieu de travail unique du Parlement européen (au hasard Bruxelles), à ceux qui défendent Strasbourg au nom d’une Europe multi-centriste.
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Le 20 novembre dernier, le Parlement européen adoptait un rapport d’initiative, donc sans conséquence législative, sur le siège des institutions européennes. De fait n’était visé que le site de Strasbourg. Au-delà des questions politiques dont le droit pour le Parlement de décider de ses méthodes et de ses lieux de travail, s’est posé tout au long des discussions la question du coût de la multiplicité des sièges. Et qui dit coût dit bien entendu, argent sonnant et trébuchant pris dans la poche de ce pauvre contribuable. Et tout ça alors que la crise…
Le folklore des chiffres.
Ce qui est franchement étonnant c’est qu’une large majorité de parlementaires se soient prononcé sur un rapport dont le moins que l’on puisse dire est qu’il additionnait pommes et poires, chiffres approximatifs et fourchettes très larges. Retour sur l’histoire. Et la campagne de communication One Seat qui affiche fièrement deux chiffres. 180 millions pour le coût des sessions, 19ooo tonnes de CO2 disséminés dans l’atmosphère. Le rapport signé d’un britannique Ashley Fox et d’un vert allemand Gerald Häfner évoque lui des estimations. Entre 156 et 204 millions pour les gros sous, entre 11000 et 19000 tonnes de CO2 pour l’emprunte environnementale. Alors qui croire ? Un troisième larron. Peut-être.
Le contre rapport
En fait des chiffres officiels existent. Ils apparaissent dans un rapport signé par l’Association Européenne des Jeunes Entrepreneurs. Ils apparaissent aussi et surtout dans les documents officiels du Parlement européen en réponse à une série de questions posées par Véronique Mathieu Houillon au secrétariat général du Parlement. Le coût exact (chiffres 2010) est de 51,5 millions d’euros, et 4199 tonnes de CO2. Et ce contre rapport d’expliquer les écarts énormes entre les chiffres et les estimations. Du côté des antis Strasbourg on a pratiqué l’amalgame, en reprenant l’intégralité des coûts de session. Alors que le calcul à faire était celui des coûts supplémentaires occasionnés par le siège de Strasbourg ; de plus certaines études dataient de 2002 et on été présentées comme incontestables alors même que leurs auteurs multipliaient en préambule les mise en garde.
Pas brillant
Alors, il s’agit tout de même de poser la question. Celle qui fâche. Et elle n’est pas franchement positive quant à la jugeote de nos eurodéputés. Comment une campagne de communication et un rapport comportant des chiffres aussi fantaisistes ont-ils pu rencontrer une aussi large majorité ? De quoi s’interroger sur la valeur du travail des eurodéputés. A l’arrivée, ce rapport et le vote des parlementaires européens ne constituent pas une bonne publicité pour l’action des eurodéputés et partant sur l’institution elle-même.
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