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Nouvelle mort mystérieuse d'un journaliste russe

Le journaliste d'opposition, Sergueï Protazanov, qui travaillait pour une publication locale de la petite ville de Rhimki, dans la banlieue de Moscou, est mort alors qu'il a été agressé dans la nuit de samedi à dimanche. La police affirme qu'il s'est suicidé après cette agression, mais les circonstances de son décès restent floues. Et la question de la liberté de la presse en Russie se trouve reposée.
Article rédigé par franceinfo
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Les circonstances de la mort de Sergueï Protazanov sont pour le moins embrouillées. Le journaliste est mort lundi, chez lui. Il avait auparavant été victime d'une violente agression, dans la nuit de samdi à dimanche.

Comment est-il mort ? Son rédacteur en chef, Anatoli Iourov, s'interroge : “Il a été violemment frappé. Dimanche on l'a amené à l'hôpital et on l'a
renvoyé chez lui après lui avoir dit qu'il allait bien. Il est mort le jour suivant chez lui”.
_ La police, elle, n'a aucun doute. Sans prononcer le mot de suicide, elle fait comprendre qu'elle privilégie cette thèse : “Il est mort le 30 mars. On suppose que la mort est due à un empoisonnement par médicaments, qui se trouvaient en grande quantité à son domicile. C'est son épouse qui a appelé les secours.”, a déclaré une source au comité d'enquête du procureur, sollicitée par l'agence Itar-Tass. “Il n'y a aucune donnée permettant de dire que sa mort ait eu un caractère prémédité. Le 28 mars, il avait été amené à l'hôpital en état d'ébriété, où on l'a examiné, mais aucun traumatisme grave n'a été constaté”, ajoute-t-il.

Agressions de journalistes multiples

Mais ce décès est d'autant plus troublant qu'il s'agit une fois de plus d'un journaliste d'opposition. Sergueï Protazanov travaillait pour une petite publication locale de la ville de Rhimki, dans la banlieue nord de Moscou. Cette ville est le théâtre d'un conflit entre sa municipalité et les écologistes au sujet du sort des forêts locales. Et Sergueï Protazanov préparait un dossier sur des irrégularité électorales dans la commune.

Pièce supplémentaire qui vient alourdir la méfiance autour de ce décès, un autre journaliste d'opposition de la même région de Khimki, Mikhaïl Beketov, rédacteur de la publication Khimkinskaïa Pravda, avait déjà été
agressé en novembre dernier dans la banlieue de la capitale russe et hospitalisé avec un traumatisme crânien et une fracture à la jambe.

“Il peut y avoir une vengeance politique” (Medvedev)

Pas plus tard que ce week-end, alors que Sergueï Protazanov était sur son lit d'hôpital, le président russe, Dmitri Medvedev, a reconnu sur les ondes de la BBC que des assassinats politiques ensanglantaient son pays, ciblant notamment des journalistes : “Je ne crois pas qu'il s'agisse dans tous les cas d'actes politiques. Mais dans certaines affaires, il peut y avoir de la vengeance politique, j'en suis absolument certain”.
Un aveu qui faisait bien-sûr référence au meurtre d'Anna Politkovskaïa, mais aussi à ceux, en janvier, de l'avocat Stanislav Markelov et la journaliste Anastassia Babourova, qui travaillait pour le bi-hebdomadaire Novaïa Gazeta. Tous deux avaient été tués par balles en plein centre de la capitale russe.
Dmitri Medvedev s'est tout de même félicité de l'existence du journal critique d'Anna Politkovskaïa, la Novaïa Gazeta. Il a promis d'accorder un entretien à ce journal. Un pas symbolique, mais qui, à lui seul, ne suffira pas à assurer aux journalistes russes qu'ils pourront faire leur travail sans risquer leur vie.

Grégoire Lecalot, avec agences

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