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Nouveau procès fleuve pour AZF

La société Grande Paroisse, filiale du groupe Total , ainsi que Serge Biechelin, ex-directeur de l’unsine AZF de Toulouse, seront jugés en appel à partir d’aujourd’hui à Toulouse pour l’explosion de l’usine chimique, qui avait fait 31 morts et 20.000 blessés en septembre 2001. L’audience doit durer quatre mois, bien qu’aucun fait nouveau ne soit intervenu depuis le premier procès.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Jean-Philippe Arles Reuters)

C’est à nouveau pour le tenter de découvrir les causes de l’explosion de l’usine chimique AZF, le 21 septembre 2001, que se tient un nouveau procès, en appel. La catastrophe avait tué 31 personnes, en avait blessé 20.000 et fait 85.000 sinistrés. Les dégâts se chiffrent à sept millions d’euros : l’une des plus grandes catastrophes industrielles de l’histoire contemporaine en France, et l’un des procès les plus longs et les plus complexes des anales judiciaires.

En première instance, il y a deux ans, l’ex-directeur de l’usine, Serge Biechelin, et la société Grande Paroisse, filiale de Total, avaient été relaxés au bénéfice du doute. Ils se retrouvent à nouveau accusés d’homicides involontaires et le procès durera encore quatre mois. 2.700 des 3.100 parties civiles du premier procès seront présentes. Total et son ex-PDG, Thierry Desmarest, seront aussi cités par les parties civiles, mais leur comparution avait été refusée en première instance... à la fin de l’audience.

La thèse de l’attentat timidement relancée

La thèse retenue par la Justice était celle d’un accident chimique inexpliqué. Mais certains ex-salariés et la défense estiment que la piste terroriste a été trop vite écartée. L’ex-juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière pourrait venir à la barre, témoigner sur les “lacunes de l’enquête”.

Ce pourrait bien être là la seule différence notable entre le précédent procès et celui-ci. Car l’essentiel des débats devrait à nouveau tourner autour de l’accident chimique. La défense fera comparaître une cinquantaine de témoins-experts, opposés aux experts judiciaires, donnant ainsi une tonalité très américaine à ce procès.

Ex-salariés contre riverains

Les anciens salariés de l’usine s’opposent à la majorité des associations de riverains. Les premiers, tout comme la défense de la direction, réfutent la thèse d’un mélange malencontreux, une demi-heure avant l’explosion de DCCNA (un composé chloré) et de nitrate d’ammonium (un engrais ou un explosif minier). Mélange hautement détonnant. Pour eux, il n’y a pas d’explication à l’explosion.
Une thèse qui hérisse les riverains, qui dénoncent une usine poubelle, gérée avec négligence. Pour eux, cette ignorance prouve l’incompétence des exploitants de l’usine, qui constituait une mise en danger permanente de la vie d’autrui. Et ils estiment que la défense n’a déployé que des artifices face aux thèses des experts judiciaires.

Seule une preuve pourrait faire la différence, et le problème, c’est qu’elle est manquante. La benne où le mélange coupable aurait été fait n’a jamais été retrouvée. Les parties civiles accusent Grande Paroisse d’avoir fait le ménage avant l’arrivée de la police.

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