Naples : Berlusconi tient conseil au milieu des poubelles
Frayant leur chemin à travers des montagnes d'ordures, les Napolitains ne croient pas au miracle de Silvio Berlusconi descendant sur la ville pour les libérer des poubelles. “Berlusconi ? Mais il ne peut rien faire ! C'est toute la magistrature qu'il faudrait changer, pour qu'enfin soient condamnés ceux qui sont responsables de ce scandale, et qu'on écarte du pouvoir ceux qui obligent tant de gens à supporter ça”, s'exclame un habitant.
Pourtant, comme par enchantement, les autorités napolitaines ont fait place nette dans le cœur historique de la ville, où le gouvernement doit venir siéger. Les quartiers environnants, eux, gardent leurs monceaux de sacs poubelles plus ou moins éventrés et d'emballages charriés par le vent. Les seuls à la fête sont les rats, qui retrouvent le goût des orgies antiques. “Dans la dramatique affaire des déchets, ce n'est pas seulement
la crédibilité du gouvernement Berlusconi qui sera en jeu”, mais aussi “l'image internationale du pays, horriblement défigurée”, s'inquiète un éditorialiste du Corriere della Sera.
“Personne n'a de baguette magique, le problème est sérieux. La population a de grandes attentes, mais je ne vais pas la décevoir”, a promis Silvio Berlusconi. Dans cette ville gérée par la gauche et qui est confrontée à la crise des ordures depuis 14 ans, le Cavaliere espère marquer des points sur le terrain politique.
Plusieurs annonces attendues
Au chapitre du concret, la presse italienne rapporte que le gouvernement devrait annoncer un raccourcissement des procédures pour construire des incinérateurs, l'utilisation de terrains militaires supplémentaires comme décharges et la nomination d'un secrétaire d'Etat délégué uniquement chargé du problème des déchets.
Mais le problème va au-delà des mesures ponctuelles : “Les autorités sont incapables de mettre en place une véritable gestion des déchets, il faudrait par exemple commencer par le tri sélectif. On parle beaucoup de corruption et de Camorra (la mafia napolitaine), mais alors dites-moi ce qu'on attend pour s'y attaquer?”, rappelle une habitante.
La colère gronde à Naples. Neuf manifestations doivent accueillir Silvio Berlusconi. Ce week-end encore, les trottoirs de Salvator Rosa, un quartier central, étaient submergés d'immondices auxquels les habitants excédés mettaient le feu, obligeant les pompiers à des dizaines d'interventions chaque nuit. “C'est évidemment très triste ce côté chaotique et sale”, admettent Lina et Kiira, étudiantes Erasmus finlandaises. Mais elles avouent que “même si Naples est très en retard sur les autres villes italiennes, et pas seulement concernant la propreté, on ne peut s'empêcher de l'aimer quand même”. C'est peut-être ça, le véritable miracle napolitain.
Grégoire Lecalot, avec agences
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