Yannick Jadot espère que le sommet sur la question des migrants "ne sera pas le dernier avant l'implosion de l'Europe"
L'eurodéputé Verts-ALE, Yannick Jadot, juge, jeudi sur franceinfo, que "la façon dont s'organise ce sommet est déjà un échec".
Un sommet européen commence, jeudi 28 juin, à Bruxelles afin d'étudier les différentes solutions pouvant résoudre la crise que traverse l'Union, tant sur le plan migratoire qu'économique, dans un contexte tendu. Yannick Jadot, député européen du groupe Verts-ALE estime, sur franceinfo, que "l'attitude d'Emmanuel Macron fait monter tous les jours Salvini [ministre de l'Intérieur italien] dans les sondages".
franceinfo : Quel est votre point de vue sur ce sommet européen ?
Yannick Jadot : Il faut espérer que ce ne sera pas le dernier avant l'implosion de l'Europe. La façon dont s'organise ce sommet est déjà un échec. Concernant les réfugiés, des compromis seront fait pour plus de contrôle aux frontières. Le président Juncker avait porté les valeurs de l'Union Européenne en soutenant le processus de réallocation des demandeurs d'asile. Pourtant ce sujet est en train de disparaître.
Finalement, le groupe de Visegrad est en train de gagner.
Yannick Jadot
Nous devons réussir à mettre sur la table, en même temps, la question des migrants et des réfugiés, mais aussi celle de la relance économique et on voit avec Trump à quel point nous avons besoin d'une politique industrielle. On observe surtout que tous les pays membres se rigidifient et se rabougrissent. La question sociale est très présente. C'est pourquoi nous avons besoin d'investissements et d'un projet européen fort. Il faut traiter tous les sujets de front.
Est-ce au couple franco-allemand de tendre la main à ses opposants afin de trouver des solutions qui puissent convenir à tous ?
Ce couple est évidemment une clef, mais ces deux pays n'agissent pas de la même façon. La crise politique a peut-être pour origine les Italiens et les Allemands. Il n'en reste pas moins que la France, par sa politique migratoire à la frontière italienne, a nourri le monstre Salvini. Ce couple est nécessaire, mais n'est pas la seule solution. Il est vrai que le changement de gouvernement en Espagne nous redonne du jus politique en Europe et ouvre des perspectives beaucoup plus larges. De plus, le Parlement européen a voté, à une large majorité, la fin du règlement de Dublin, texte responsable le problème italien et du problème grec. C'est organe peut donc donner des solutions. Enfin, nous devons élargir nos alliances et ne pas mépriser les autres pays. Par ailleurs, l'attitude d'Emmanuel Macron fait monter tous les jours Salvini dans les sondages.
Que pensez-vous que la déclaration d'Emmanuel Macron sur les ONG qui feraient le jeu des passeurs ? Est-ce le fond de sa pensée ou bien un coup de communication politique ?
C'est une déclaration indigne. Ces ONG sauvent de survivants. Considérer que ce sont des complices des passeurs, c'est utiliser le registre lexical de l'extrême droite. De la même façon, lorsque Gérard Collomb parle de submersion migratoire dans notre pays, il utilise le registre de l'extrême droite. Si ceux qui prétendent avoir des principes et des valeurs prétendent ce genre de chose, nous ne pourrons plus mettre en place de solutions durables, ni même parler sereinement à nos concitoyens. Ils penseront simplement que les ONG sont une sorte de mafia qui organise le trafic des réfugiés.
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