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"Vous devez appeler Malte" : ouverture du procès de deux officiers italiens accusés d'homicide involontaire après le naufrage d'une embarcation de migrants

268 migrants dont une soixantaine d'enfants avaient trouvé la mort le 11 octobre 2013 lors du naufrage de leur embarcation entre Lampedusa et Malte. En détresse, ils avaient demandé de l'aide aux garde-côtes italiens, en vain.

Article rédigé par Bruce de Galzain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
L'ile de Lampedusa, en février 2015. (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

C'était il y a 6 ans, le 11 octobre 2013. Près de 500 Syriens et Palestiniens qui tentent de fuir leur pays font naufrage entre Lampedusa et Malte. 268 d’entre eux trouvent la mort. Parmi eux, soixante enfants. La justice a depuis décidé de poursuivre les deux officiers italiens aux commandes ce jour-là. Leur procès débute mardi à Rome : ils sont poursuivis pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger.

"Vous êtes partis de Libye ?"

À bord de l’embarcation, ce jour-là, à 12h39, le téléphone satellite permet à un médecin syrien d’appeler les garde-côtes. La conversation sera publiée par l'hebdomadaire L'Espresso. "Votre position, votre position ? 300 personnes ? 300, trois-zéro-zéro ? Il y a des enfants ?", demande une garde-côte. "Environ 100 enfants, 100 femmes et peut-être 100 hommes", répond le médecin. "Vous êtes partis de Libye ?", questionne la voix au bout du fil. "Oui, lui répond le médecin syrien. S'il vous plaît dépêchez-vous, l'eau est en train de rentrer... S'il vous plaît dépêchez-vous, s'il vous plaît dépêchez-vous..."

Les garde-côtes préviennent alors Malte, sans donner de détails sur l'état du bateau. Une demi-heure plus tard, le médecin syrien rappelle l'Italie qui lui donne le numéro des autorités maltaises. Mais encore une heure plus tard, le médecin rappelle une troisième fois les garde-côtes italiens. "J'ai appelé Malte, explique-t-il. Ils me disent que nous sommes bien plus près de Lampedusa que de Malte et je leur ai donné la position. Vous êtes plus près pour nous..."

Nous sommes en train de mourir, s'il vous plaît, je n'ai plus assez de crédit pour le téléphone, il va couper... S'il vous plaît !

le médecin syrien

"Vous êtes en train de parler avec l'Italie, lui répond-elle. Mais vous devez appeler Malte, Monsieur... Vous devez appeler Malte !" Un patrouilleur italien n'était qu'à une heure et demie de l'embarcation qui fera naufrage au bout de cinq heures. De longues heures pendant lesquelles Malte et l'Italie n'ont pas su s'entendre.

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