: Vidéo Pages Facebook, pétitions en ligne, et même grèves de la faim : des "patrons solidaires" avec leurs apprentis sans papiers
Partout en France, des petits patrons s'engagent pour de jeunes migrants qui sont devenus leurs apprentis. Arrivés en France quand ils étaient mineurs, ceux qu'ils ont mis tous leurs soins à former se voient parfois sommés de quitter le pays à leurs 18 ans. Le premier à avoir dénoncé l'absurdité de ces situations s'appelle Stéphane Ravacley. Cet extrait d'"Envoyé spécial" revient sur le combat de ce "patron solidaire".
"Triste fin d'année pour un apprenti en boulangerie originaire de Guinée, à Besançon : il est passible d'expulsion à partir de demain." La nouvelle annoncée aux informations régionales fin 2020 était synonyme de catastrophe pour Laye Fodé Traoré, mais aussi pour Stéphane Ravacley, son patron et maître d'apprentissage. Alors, quand il a appris que celui qu'il avait formé pendant un an et demi devait quitter son entreprise du jour au lendemain, il a tout fait pour dénoncer une aberration économique.
Ce boulanger de Besançon n'a rien d'un militant, et il n'aurait jamais imaginé se trouver un jour à la tête d'un tel combat. Mais dès le 3 janvier 2021, il débute une grève de la faim. Conscient qu'il lui faut médiatiser ce cas, il lance une pétition en ligne. Elle recueillera plus de 240 000 signatures. Au nombre des personnalités qui la relaient, Omar Sy, Marion Cotillard ou Sandrine Kiberlain. Après onze jours de grève de la faim et une médiatisation impressionnante, le boulanger obtient la régularisation de son apprenti.
Sur la page Facebook "Patrons solidaires", des témoignages quotidiens
Mais Stéphane Ravacley ne veut pas s'arrêter là : il va continuer le combat pour les autres. Alors qu'il était en grève de la faim, la ministre du Travail Elisabeth Borne, interrogée sur la situation de Laye Fodé Traoré, a affirmé qu'il s'agissait d'un "cas particulier" : "(...) quand on accueille des mineurs non accompagnés qui s'engagent dans des formations, au bout de deux ans, si tout s'est bien passé, alors, ils peuvent continuer à travailler en France", confirmait-elle. Pourtant, au même moment, Stéphane Ravacley est contacté par de nombreux chefs d'entreprise désespérés à la perspective de perdre leurs apprentis. Il crée alors une page Facebook et une association : "Patrons solidaires".
Combien d'apprentis migrants sont, comme Laye Fodé Traoré, menacés d'expulsion à leurs 18 ans ? Il n'existe pas de statistiques, mais les témoignages et appels à l'aide que reçoit Stéphane Ravacley sont quotidiens. Dès qu'il le peut, il prend un après-midi pour aller à la rencontre des patrons en détresse qui l'ont contacté.
"On a pris des chantiers, le jeune, on comptait sur lui... Et puis du jour au lendemain, on ne peut plus le faire travailler. Economiquement, c'est un peu catastrophique."
Le patron d'une entreprise de peintureà "Envoyé spécial"
Ce jour-là, il se rend dans une entreprise de peinture. L'un des apprentis doit quitter le territoire français. "Je travaille comme un fou et j'ai une promesse d'embauche. Ça fait trois ans que je suis là, je suis bien intégré", explique-t-il à Stéphane Ravacley. De son côté, le patron affirme ne pas trouver de jeunes Français intéressés par son activité : 80% de ses apprentis sont des mineurs étrangers. Stéphane Ravacley va l'aider à lancer une pétition pour médiatiser son affaire.
Extrait de "Petits patrons au grand cœur", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 14 octobre 2021.
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