: Vidéo "Il fallait qu'on fasse quelque chose" : ils achètent un avion pour repérer les migrants en détresse en Méditerranée
Benoît Micolon et José Benavente sont pilotes. Ces deux Français ont décidé de mettre leur formation à profit pour aider les ONG à porter secours aux migrants en mer.
Les deux hommes sont pilotes et amis depuis plus de quinze ans. Début mai, Benoît Micolon et José Benavente ont mis leur travail en pause pour voler en direction de Malte. Depuis cet archipel, les deux Français comptent mener des missions de "repérage" d'une durée de quatre heures pour aider les ONG à secourir les migrants qui traversent la Méditerranée. A bord de leur avion, le Colibri, ils peuvent apercevoir facilement les embarcations de réfugiés en détresse et les signaler immédiatement au MRCC italien (Maritime Rescue Coordination Center), en charge de la coordination dans ce secteur. Le premier vol n'avait pas encore eu lieu jeudi 10 mai, à cause, entre autres, des conditions météo. En attendant, les pilotes font les derniers préparatifs et rencontrent les membres des associations déjà actives sur place.
Cet avion, ils l’ont acheté il y a quelques mois avec leurs économies. "On sait que cette période à partir du mois d’avril est la plus mortelle de l’année. Nous souhaitions ne pas perdre de temps" explique José Benavente, à l’initiative du projet. En effet, en raison des bonnes conditions météorologiques, davantage de bateaux quittent les côtes libyennes en direction de l’Italie. "Il faut savoir que les bateaux et les embarcations dont on parle ne sont pas prévus pour une traversée, quelle qu’elle soit, et ne sont surtout pas prévus pour arriver à une quelconque destination", souligne le pilote.
Les bateaux sont surchargés, les moteurs pas assez puissants et surtout, il n’y a pas suffisamment d’essence pour arriver où que ce soit.
José Benavente, créateur de l'association Pilotes volontairesà franceinfo
Plus de 3 000 migrants meurent en Méditerranée chaque année. C’est ce constat "terrible, dramatique" qui a fait réagir José Benavente et son collègue Benoît Micolon. "Face à cette catastrophe, il fallait qu'on fasse quelque chose." Dès janvier, ils ont contacté les ONG qui opèrent sur place : Open Arms, SOS Méditerranée, Sea-Watch… "Ils nous ont immédiatement confirmé qu’ils avaient d’énormes difficultés à identifier un certain nombre de bateaux" raconte José Benavente. Avec Benoît Micolon, ils créent alors l'association Pilotes volontaires.
Un seul avion opère des missions de repérage-sauvetage dans la zone pour le moment, c’est celui de l’association allemande Sea-Watch. Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe de SOS Méditerranée France, expose les difficultés auxquelles sont confrontés les navires de son association : "Nous, nous sommes en mer, sur un bateau, la seule façon que l’on a de repérer des embarcations qui seraient en détresse, c’est par le biais de veille en passerelle, mais à la jumelle, ou alors par un petit radar, mais ça ne va pas très loin."
L’action des Pilotes volontaires est complètement complémentaire de la nôtre.
Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe de SOS Méditerranée Franceà franceinfo
Pour l'instant, les créateurs de l'association sont les seuls à avoir fait voler le Colibri. Ils remplissent cette mission durant leur temps libre. "On a déjà identifié un groupe d’une dizaine de pilotes volontaires qui seraient en mesure de prendre la relève, à condition qu’on arrive à collecter assez de fonds pour pérenniser l’action" rappelle José Benavente. Leur épargne a permis l'achat de l'avion et le fonctionnement des missions pour un mois. Au-delà, l'association dépend des dons et de la solidarité. "Si des gens sont touchés par notre projet, qu'ils se sentent concernés, ils peuvent nous soutenir sur notre site internet, avec des dons, ou des adhésions."
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