Un compositeur français réunit 150 chansons de migrants en une œuvre musicale unique
C'est un défi un peu fou que vient de se lancer un jeune compositeur français : il veut récolter environ 150 chansons de migrants pour en faire une création musicale, qui sera révélée au public le 4 mai prochain au musée de l'histoire de l'immigration.
Il va falloir patienter encore quelques mois pour la découvrir, mais c'est une création musicale singulière qui est en cours de construction. En mai 2017, le musée de l’histoire de l’immigration accueillera l’Orchestre de chambre de Paris pour une œuvre du jeune compositeur Pierre-Yves Macé. Pourquoi singulière ? Parce que ce dernier puise son inspiration dans des rencontres avec des migrants, qui lui chantent des chansons populaires de leur pays.
Ces chants sont enregistrés au cours d'ateliers intitulés "Chansons migrantes". Ils serviront ensuite de matériau pour l’œuvre musicale. Exemple dans les locaux d’une association du 20e arrondissement de Paris. Chaque semaine, une dizaine de personnes venues du Mali, de Côte d’Ivoire, du Maroc ou encore d’Ukraine, viennent participer gratuitement à des ateliers de théâtre. La plupart sont arrivés en France il y a un ou deux ans et montent sur scène pour améliorer leur français. Mais ce soir-là, en guise de théâtre, il s’agit de chanter.
Exprimer la nostalgie du pays quitté
Pour détendre l’atmosphère, un violoncelliste de l’Orchestre de chambre de Paris joue le premier, avant que les participants ne prennent les rênes pour chanter leurs musiques. Alors qu'une certaine timidité se fait sentir, c’est finalement Sevitano, la seule femme du groupe, qui se lève en premier. Elle vient de Côte d’Ivoire. Elle vit en France depuis deux ans et s’approche du micro.
Peu à peu, l’appréhension disparaît, la voix se fait plus ferme et une certaine nostalgie affleure. "La chanson que je viens de chanter, confie-t-elle, me rappelle un peu le pays et ma mère. C'est important de partager ce qu'on a au fond de soi. J'ai envie d'entendre le résultat."
C'est une bonne idée de regrouper toutes les chansons.
Sevitano, une Ivoirienneà franceinfo
Un travail à mener en très peu de temps
Le résultat sera l’œuvre du compositeur. Très concentré durant ces ateliers, Pierre-Yves Macé écoute, simplement. Il devra ensuite assimiler ce travail de collecte, afin de composer en s’inspirant de ces chansons.
"Ce qui m'intéresse là-dedans, explique-t-il, c'est de voir comment on va éloigner ces chansons de leur lieu d'origine. D'où le titre du projet, 'Chansons migrantes'. Ce sont les chansons qui vont migrer, qui vont rencontrer mon écriture."
Je vais composer ma musique à partir de tout ça, en y intégrant des traces de toutes ces chansons
Pierre-Yves Macéà franceinfo
De l'émotion de partager les cultures
Parmi les chants qui vont inspirer le compositeur, il y a celui de ce trio de jeunes Maliens, venus à l’atelier de théâtre. Parmi eux, Mohamed, qui étudie l'économie en France depuis deux ans. Timide en début de la séance, il ressort de l'atelier avec un large sourire. "Au début ce n'était pas facile, à cause du stress, raconte-t-il. Je n'avais jamais chanté devant un public. Mais finalement j'y ai pris goût, je me suis fait plaisir. J'étais vraiment ému. J'ai beaucoup aimé les cultures des autres."
Il y avait beaucoup de cultures différentes : un Marocain, un Ukrainien...
Mohamed, un jeune Malienà franceinfo
Au total, c'est au cours d'une quinzaine d'ateliers comme celui-ci que Pierre-Yves Macé espère collecter environ 150 chansons de migrants. Le rendez-vous final est fixé au 4 mai, au musée de l’histoire de l’immigration à Paris, en présence de tous ces participants.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.