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"Pédagogie vulgaire", "phrases stigmatisantes" : tollé après la phrase de Sarkozy sur les migrants

Lors d'un meeting, le président des Républicains a fait un parallèle entre l'afflux de migrants en Europe et une fuite d'eau dans une maison.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nicolas Sarkozy, président des Républicains, le 18 juin 2015 à L'Isle-Adam (Val-d'Oise). (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Nicolas Sarkozy n'a sans doute jamais été aussi adepte des blagues que depuis son retour en politique. Jeudi 18 juin, devant des militants réunis à L'Isle-Adam (Val-d'Oise), le président des Républicains a comparé l'afflux des migrants en Europe à une fuite d'eau, pour railler le projet d'établir des quotas de demandeurs d'asile par pays de l'Union Européenne.

Dans une maison, il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit 'J'ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants.'

Nicolas Sarkozy

lors d'un meeting à L'Isle-Adam (Val-d'Oise)

Une déclaration sur le ton de l'humour qui n'a plu ni à gauche ni dans son propre camp.

François Hollande appelle à la "maîtrise"

"Quand il s'agit de personnes, d'êtres humains, quand il y a des sujets aussi graves, je crois que ça vaut pour tout le monde, il faut les aborder et les évoquer avec gravité et donc avec maîtrise", a répondu le président de la République, interrogé sur le sujet lors d'une conférence de presse à Bratislava (Slovaquie).

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Manuel Valls : "La vie politique mérite mieux"

"La vie politique mérite mieux que ces phrases stigmatisantes et qui ne sont pas au niveau", a réagi le Premier ministre, vendredi. En visite au salon aéronautique du Bourget, il a estimé que les hommes politiques – "moi le premier" – devaient se montrer "au niveau que les Français attendent" et "exemplaires dans l'attitude, dans les mots" qu'ils utilisent.

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De la "pédagogie vulgaire", juge Jean-Marie Le Guen

Sur i-Télé, vendredi matin, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement a estimé que les déclarations de Nicolas Sarkozy relevaient, "sur la forme", du "manque de respect, à la fois pour les personnes concernées", mais aussi pour ses concitoyens : "Il n'y a pas besoin d'avoir accès à ce type de pédagogie vulgaire pour que les Français comprennent."

Sur Twitter, Mélenchon et des parlementaires PS taclent Sarkozy

Sur le site de micro-blogging, le député européen du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon et plusieurs parlementaires PS ont répondu à l'ironie de Nicolas Sarkozy par leurs propres traits d'humour.

 

 

Sur un ton plus dur, le patron des députés PS, Bruno Le Roux, a estimé que les propos du président des Républicains relevaient de la xénophobie, tandis que son collègue Mathieu Hanotin les a rapprochés des idées de l'extrême droite. Dans un communiqué, le PS accuse Nicolas Sarkozy d'imiter "les one-man-show de Jean-Marie Le Pen, qui fut le premier à tenter de faire rire de la misère des autres".

 

 

Le centriste Yves Jégo appelle à "élever le débat"

On ne peut pas "traiter les migrants n'importe comment pour se faire applaudir en meeting", a déploré, vendredi sur Sud Radio, le député UDI de Seine-et-Marne Yves Jégo, qui a appelé à "élever le débat".

Chez Les Républicains, on ne voit pas le problème

Dans un communiqué, la porte-parole du parti, Lydia Guirous, s'est attaquée aux "postures de vierge effarouchée" de Manuel Valls après sa réaction. Le parti estime ne pas avoir de "leçons de morale à recevoir" du Premier ministre. "L'immigration, l'assimilation, le droit du sol sont des sujets qui (...) préoccupent tous les Français. Manuel Valls ne nous privera pas d'en débattre", poursuit le communiqué. Une position réitérée par le député Guillaume Larrivé sur France Info.

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