Naufrage de migrants dans la Manche : l'association Utopia 56 pointe "une forme de désinvolture, de la négligence, de l'imprudence"
"Les investigations qui se sont déroulées montrent qu'il y a eu une forme de désinvolture, de la négligence, de l'imprudence peut-être", a affirmé jeudi 25 mai sur franceinfo Emmanuel Daoud, avocat de l’association Utopia 56, alors que cinq militaires ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger dans l'enquête sur le naufrage d'une embarcation ayant conduit à la mort de 27 migrants dans la Manche en novembre 2021. Ils sont soupçonnés d'avoir fauté dans leur mission de secours cette nuit-là.
La plainte pour non-assistance à personne en danger déposée par Utopia 56 au moment du drame "avait pour objet d'aider à la manifestation de la vérité", précise Emmanuel Daoud. L'avocat se dit "absolument pas convaincus du discours officiel de la préfecture maritime" qui revient, selon lui, à dire que "tout s'était bien passé, que les opérations de secours avaient été menées correctement et que l'embarcation n'avait pas pu être identifiée". Il estime que cette "version péremptoire assénée par la préfecture est battue en brèche" plus de deux ans et demi après les faits.
Les retranscriptions des enregistrements du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage du Pas-de-Calais (Cross Gris-Nez), "font froid dans le dos", réagit Emmanuel Daoud. "Si, finalement, il y avait eu en quelque sorte un partage des rôles" avec les Britanniques, avec la consigne de "ne surtout pas s'occuper de ces migrants lorsque ceux-ci se trouvent près des eaux territoriales britanniques", l'avocat y verrait "une politique inhumaine, contraire à la dignité humaine". "Ces hommes et ces femmes, même s'ils sont des exilés, même s'ils sont des migrants, même s'ils sont en situation irrégulière sur notre territoire, ils ont le droit à ce que leur vie soit protégée et ça n'a pas été le cas."
"Les secours n'étaient pas au rendez-vous cette nuit-là"
Emmanuel Daoud souligne que les militaires "bénéficient de la présomption d'innocence" et attend de voir "ce que déciderons les juges". Mais il estime que "les actions qui auraient dû être menées, la qualité des secours, l'organisation des secours, n'étaient pas au rendez-vous cette nuit-là", où "27 personnes en ont péri, dont des enfants".
L'avocat d'Utopia 56 s'interroge encore pour savoir si les militaires mis en examen "avaient une latitude d'appréciation individuelle ou si, au contraire, la façon dont ils ont traité cette situation relevaient d'instructions qui étaient données par leur hiérarchie". Cela reste "une des zones d'ombre à clarifier". Mais Emmanuel Daoud estime que, "face à une situation de danger, de péril imminent pour la vie de personnes qui sont en danger, même si l'on a reçu des instructions contraires, on doit agir quand on a les moyens d'agir".
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